La première chose qui vous est essentiel à savoir est qu'Albus Dumbledore est l'homme qui changea ma vie. Il n'est pas uniquement un grand sorcier dont la perte nuira certainement énormément au monde magique, mais également un homme bon et droit qui a cru bon de m'offrir une vie un tant soit peu normal. Il réalisa l'un de mes plus grands rêves en me permettant de suivre mes études à Poudlard comme mes parents l'avaient fait. Il crut en moi malgré la bête qui m'habitait, ce qui me toucha grandement. Il fut pour moi ce que les moldus appellent ; ange gardien. Je fis sa rencontre un peu après mes onze ans, et ce fut un moment fabuleux...

▽ ▽ ▽

Comme tout jeune sorcier atteignant l'âge crucial de onze ans, je rêvais du moment où j'allais recevoir ma première lettre m'indiquant que j'allais enfin entrer à Poudlard. Je connaissais l'histoire de Poudlard par coeur, sans parler de tous les bouquins concernant les potions, la métamorphose, les sortilèges et l'histoire de la magie que j'avais dévorés avec passion dès l'instant où on m'avait enseigné l'art de déchiffrer les suites de lettres écrites sur les pages de parchemin. J'étais d'une nature curieuse depuis toujours, et la magie m'émerveillait. Pourtant, elle n'avait pas toujours été bonne pour moi. Je n'avais pas encore cinq ans lorsque mon père éprouva quelques petits malentendus avec un loup-garou nommé Greyback. Croyez-le ou non, cet homme fut mon cauchemar durant de très nombreuses années. Je m'en réveillais la nuit, hurlant et couvert de sueur froide. Chaque nuit, jusqu'à l'âge de neuf ans, je revivais le moment où j'avais senti ses crocs brûlants s'enfoncer dans ma chair. Cette nuit de pleine lune d'Octobre 1964, il avait scellé à jamais mon destin en me transmettant sa maladie, ce que j'appelais carrément une malédiction ; la lycanthropie. S'introduisant dans ma chambre par la fenêtre restée ouverte, il s'était approché de mon petit lit d'enfant sans faire le moindre bruit. Ce n'est qu'au moment où il me mordit au niveau de la jugulaire que retentit mon cri d'enfant dans la maison endormie. Mon père débarqua dans ma chambre au moment où Fenrir Greyback sautait par la fenêtre. Je passai les jours suivants à l'hôpital pour sorciers de sainte-Mangouste. Malgré les supplications de ma mère, les médicomages ne pouvaient rien faire pour me sauver. J'allais devoir vivre ainsi, à moitié homme et loup, toute ma vie, ou mourir maintenant. Ils le proposèrent à mes parents, mais horrifiés à l'idée de voir leur fils unique mourir, ils ne tardèrent pas à me ramener à la maison. À leurs yeux, il valait mieux que je sois un loup-garou plutôt qu'en pleine décomposition six pieds sous terre. Un choix qu'ils ont probablement regretté à un moment où un autre...

« Remus, vient ici mon chéri ! », retentit la voix de ma mère venant d'en bas. Assise sur mon lit, je pris la peine de corner le coin de la page où j'étais rendue dans ce livre racontant les aventures d'un éleveur de dragons. Je n'avais pas beaucoup d'amis, voir même aucun. La majorité de mon temps, je le passais à lire des bouquins aussi divers les uns des autres ou, encore, à dormir. Après la pleine lune, je pouvais mettre dix jours à me remettre de la transformation, et encore, je ne récupérais que partiellement. Ce n'est pas sans parler de la semaine qui précédait la pleine lune. À cette période du mois, j'étais tout particulièrement sur le qui-vive, et surtout, très nerveux. Aujourd'hui, nous étions dans la bonne période du mois. Celle où j'avais un peu de repos.

Dévalant l'escalier quatre à quatre, je débarquai dans le salon où étaient assis ma mère et mon père ainsi qu'un homme particulièrement grand dont les longs cheveux bruns parsemés de rares fils d'argent descendaient en cascade le long de son dos. Intrigué par ce visiteur tout à fait... particulier, je m'avançai doucement dans la pièce.
« Mon chéri, je te présente le professeur Dumbledore, il est... » « Le directeur de Poudlard. », coupais-je ma mère. Soudain mal, je me sentis rougir. Rapidement, j'ajoutai : « Désolé maman, c'était impoli... » Elle m'adressa un sourire voulant dire que ce n'était pas grave. Je me sentais tout de même mal à l'aise. Je n'aimais pas manquer de respect envers mes parents, mais envers qui que ce soit non plus. Toutefois, j'étais très excité à l'idée d'avoir le directeur de l'école de sorcellerie la plus reconnue au monde dans mon salon. Sa présence était toutefois très intrigante puisque mes parents m'avaient toujours dit que je ne pourrais jamais étudier la magie dans une école, à cause du risque que je pouvais faire courir à mes camarades de classe.

Cet après-midi-là, le professeur Dumbledore fit de mon rêve le plus précieux réalité. Il m'annonça qu'après une longue conversation avec mes parents, ainsi qu'avec ses collègues au château, il m'assurait qu'il allait m'être possible de passer les sept prochaines années à étudier la magie. Il sentit mon inquiétude, et m'expliqua très clairement que chaque mois, à la pleine lune, j'allais devoir me rendre dans l'endroit qu'on avait désigné sécuritaire pour mes transformations. Personne n'allait être en mesure d'entrer dans cet endroit, et je n'allais pas être en mesure d'en sortir. Il n'y avait donc aucun risque pour mes camarades, ainsi que pour moi-même. Ma condition de loup-garou pouvait rester secrète si je le désirais. Ce choix n'appartenait qu'à moi, mais quand septembre suivant, j'allais, comme tous les autres sorciers de mon âge, faire mon entrée à Poudlard. Cette visite fut l'un des meilleurs souvenirs que j'aie jusqu'à aujourd'hui.

▽ ▽ ▽

Moi qui avais cru qu'après la première année, tout allait être plus simple. Je m'étais réellement mis les dix doigts dans le même oeil, au même moment. Assis dans la salle commune, j'écoutais Sirius et James parler des sélections de Quidditch qui aurait lieu de lendemain. Il avait l'intention d'y participer et, bien entendu, de faire l'équipe cette année. Pour ma part, je doutais fortement qu'on allait les prendre dans l'équipe. Après tout, nous n'étions qu'en deuxième année, donc peu de chance qu'ils ne se fassent remarquer. Je me gardai toutefois de leur faire part de mon opinion, préférant lire distraitement le chapitre de métamorphose pour le cours du lendemain.

« Rem, tu y vas également demain ? », me demanda Peter, qui, comme à son habitude, était resté assez silencieux depuis que nous nous étions regroupés dans notre coin habituel de la salle commune. La tête toujours dans mon bouquin, je sentis la nervosité m'envahir. Demain, c'était la pleine lune. La période du mois où il valait mieux pour moi ne pas fréquenter mes camarades, au risque de ne plus en avoir dans l'avenir. D'une voix faible, je répondis : « Je dois rendre visite à ma mère demain. Elle est toujours très malade... » Depuis l'an dernier, j'alternais les excuses pour expliquer mes absences tous les mois. Jusqu'à aujourd'hui, rien ne m'avait laissé croire qu'ils se doutaient de quoi que ce soi. Un silence lourd plana sur notre groupe. Nerveux, je baissai mon livre, lançant un regard à mes trois amis. Ils me fixaient tous, mais personne ni dit un mot. Haussant les sourcils, j'allais demander ce qui se passait, mais je m'en abstins. Ce fut James qui brisa le silence.

« Eum... Tu sais qu'on est pas idiot ? On s'est bien rendu compte que... qu'il y avait un truc que tu ne nous disais pas. », il marqua un pause durant laquelle j'en profitai pour lancer d'un ton défensif : « Je ne vois pas de quoi tu parles. Ma mère est malade, et je tiens à lui rendre.... » Sirius me coupa d'une voix neutre, mais autoritaire : « Arrête de nous faire marcher, on sait très bien que tu es un loup-garou ! »

Sidéré par cette révélation, je ne pensai même pas à me défendre tellement j'étais surpris. Je me contentai de les regarder à tour de rôle, ouvrant et refermant la bouche sans qu'aucun son ne puisse sortir. Comment avaient-ils pu deviner ? On avait même pas encore parlé des loups-garous en cours de défense contre les forces du mal, alors comment ? Lorsque mes neurones se remirent en marche, je me dis simplement qu'ils allaient me jeter comme une vieille chaussette. Après tout, j'étais vraiment dangereux pour leur personne. Il n'avait pas lieu d'être ami avec une chose comme... comme moi ! James s'approchant de moi, comme pour me sortir de ma torpeur, je pris peur, me levai d'un bon tout en m'éloignant.« Ne t'approche pas de moi... » Tournant les talons, je m'enfuis vers le dortoir, alors que j'entendais la voix de Sirius qui me demandait d'attendre. Je n'avais pas envie d'attendre. Pas envie d'entendre les seuls amis que j'avais eu dans ma vie me balancer qu'ils ne seraient plus jamais mes amis parce que j'étais un monstre. C'était trop douloureux. J'avais juste envie de ficher mon camp de Poudlard. Retourner chez mes parents, et y rester tapis à jamais. Comment avais-je pu croire un seul instant que quelqu'un comme moi pouvait avoir des amis ?

J'étais en train de jeter tous mes effets dans ma valise lorsque mes trois amis firent irruption dans le dortoir. Habituellement, j'étais plutôt calme et posé, mais cette fois, les livres et les vêtements fusaient de partout, volant littéralement vers la valise ouverte en grand au milieu de la pièce. Ils restèrent un moment, à la porte, hésitant à entrer. Ce fut Peter qui brisa la lourdeur de l'atmosphère.« Remus ? Tu vas où ? » Sans même prendre le temps de m'arrêter, je lui répondit d'un ton plus sec que prévu : « Loin d'ici... »

« Et on peut savoir pourquoi tu fiches le camp ? Une petite difficulté et tu te casses ! Vraiment Rem ? », répliqua Sirius. Ses paroles me touchèrent plus que pensé. M'arrêtant, je me laissai tomber par terre près de mon lit. Je sentais les larmes me monter aux yeux, mais je fis de mon mieux pour les ravaler, question de principe. « Tu ne comprends rien Sirius ! Aucun de vous ne comprend ! » Cette fois, ce fut James qui s'énerva un peu. James ne s'énervait pas souvent contre nous. En fait, je ne l'avais jamais vu s'énerver contre l'un de nous trois, ce qui me fit un choc de le voir dans cet état. « - C'est complètement débile comme plan ! Tu vas pas foutre le camp parce qu'on sait que tu es un loup-garou. Ça change absolument rien pour nous. Et puis, au final, tu as toujours été ainsi. Ce n'est pas parce qu'on sait que tu ne t'absente pas pour aller voir ta mère malade, mais pour te changer en bête sanguinaire une fois par moi qu'on va te laisser tomber ! Et puis, de toute manière, on a un plan !

- Un plan ? Je suis comme ça depuis des années, et aucun plan ne pourra le changer ! Vous devriez plutôt me laisser me casser. C'était une idée complètement stupide de croire que j'allais pouvoir passer sept ans à Poudlard...

- Qui a dit que notre plan étant de chercher à te changer ? », ajouta James d'un ton qui se voulait mystérieux.

Relevant la tête, je regardai mon ami intrigué. J'étais toutefois très suspect vis-à-vis la sécurité de leur plan. Mes amis étaient peut-être formidables et super intelligents, mais ils avaient cette once d'inconscience qui pouvait complètement me faire flipper par moment. Haussant les sourcils, j'attendis qu'on apporte de l'explication à ce dit plan.

« Tu es sans doute au courant que les loups-garous sont dangereux pour les humains. », commença Sirius dans ce qui, fidèle à son habitude, s'annoncerait une histoire brillamment dictée. « Et bien quelques petites recherches nous ont permis de déterminer qu'ils étaient uniquement un danger poiur les hommes. Chez les animaux, il n'y a aucun risque. » J'allais répliquer lorsque James prit le relais : «Tout comme les animagus sous forme animale. »

Comprenant finalement où ils voulaient en venir, je demandai avant même qu'ils ne puissent continuer. « Attendez ! Ne me dites pas que vous voulez... Mais c'est complètement insensé ! » Les trois garçons me lancèrent un sourire fier, mais ayant l'air de dire : Ne tente pas de nous résonner parce que notre idée est faite et que rien ne nous fera changer d'idée. Ce jour-là, je compris la vraie portée de l'amitié. Ce que j'avais trouvé en venant à Poudlard n'était pas simplement des amis, mais un groupe d'amis que j'aurai toute ma vie. Moi qui n'avais jamais eu le moindre amis, voilà que j'étais doté de trois perles rares.

▽ ▽ ▽

Trois ans se sont écoulés depuis ce jour où mes amis m'ont déclaré devenir animagus pour m'aider à passer au travers les moments difficiles de la transformation. Nous commençons maintenant notre cinquième année. Jamis et Sirius ont atteint le but estimé. L'un prend la forme d'un cerf alors que le second celle d'un gros chien noir. Peter, quant à lui, il a encore du travail à faire, mais avec l'aide de mes deux amis, il finira certainement par y arriver. Pour l'instant, ces transformations partielles semblent l'orienter vers un rat. Ce qui lui correspond assez bien à mon avis...

D'ici la prochaine pleine lune, les gars aimeraient qu'on essaie leur plan pour la première fois. Je dois avouer que cette perspective m'effraie grandement. Jusqu'à maintenant, la possibilité qu'ils puissent assister à tout n'était encore qu'hypothétique, mais elle semble prendre un peu plus forme chaque jour. J'ai peur que ça tourne mal. Que je finisse par en blesser un, voir même en tuer un ce qui serait largement plus grave. Du coup, j'espère les faire patienter un peu en prétendant vouloir attendre Peter avant de faire un premier test.

Tout semble partie pour bien aller cette année. J'ai eu la surprise de trouver l'insigne de préfet dans mon enveloppe de Poudlard. Je serai donc en responsabilité des étudiants de la maison de gryffondors cette année. Une responsabilité que je vais partager avec Lily Evans, une sorcière tout particulièrement douée, mais qui semble ne pas apprécier grandement mes amis. Du fait même, nous n'avons jamais réellement pris le temps de discuter ensemble. J'espère bien que le courant passera sans quoi, je vais passer d'autres moments pénibles dans mon existence...

▽ ▽ ▽

Mes amis sont les trois plus grands crétins du monde. S'ils avaient espéré un seul instant que je ne leur tiendrais pas rigueur après ce qu'ils m'ont avoué avoir déconné la nuit dernière, ils m'ont simplement pris pour une andouille ! Sérieusement, avoir fait venir Severus aussi près de moi alors que je n'avais pas le moindre contrôle était carrément stupide. J'aurais pu le tuer ! Et ce n'est certainement pas eux qui auraient vécu avec cette culpabilité sur la conscience durant toute sa vie. J'aurais pu tuer quelqu'un ! Tout ça parce qu'ils pensaient que ce serait amusant de lui foutre la trouille. Décidément, on ne choisit pas ses amis à son image. Enfin, je l'espère... J'avais cru qu'à seize ans, au moins l'un d'eux aurait fini par développer un peu de responsabilité. Apparemment, je me faisais beaucoup trop d'attente. James a peut-être sauver Severus, mais il en reste pas moins responsable du danger dans lequel il l'a mis.

▽ ▽ ▽

La septième année commence enfin, mais de là à savoir si ce sera une bonne année ou non, c'est encore à voir. Depuis la mort de Dumbledore, ils ont choisi de remplacer le directeur de l'école par un groupe de personnes qui se fait appeler « Le conseil d'administration ». Des sorciers tous aussi différents les uns des autres dont je doute être en mesure de s'entendre pour gérer l'école de magie. À mon avis, ce sera un vrai fiasco de ce côté, mais puisqu'ils n'ont fait aucun cas de mon état, me permettant de compléter mes études sans difficulté outre celles que je dois gérer mensuellement, je ne crois pas m'opposer à leur autorité. Après tout, il y a de très bons sorciers dans les rangs du conseil. Beaucoup sont de sang pur et on des idéaux bien précis, comme Orion Black, le père de Sirius. Il en reste toutefois d'autre auquel je me sens plus à l'aise de les laisser diriger, sachant qu'ils vont prendre des décisions justes pour tout le monde. à voir ce que ça va donner...