L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn]
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MessageSujet: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptySam 22 Nov - 23:59



Eryn & Eleanor
© Never-Utopia

Au bord du lac, une frêle silhouette se détache. Emmitouflée dans sa grosse cape, équipée de bottes et son écharpe bleu et argent remontée jusqu’à son menton, Eleanor tente de subsister au froid naissant de cette fin de novembre. L’hiver semble arrivé plus tôt encore que prévu, comme si la nature s’était elle-même éteinte avec la mort de Dumbledore. La jeune fille jette un regard circulaire autour d’elle : tout est gris, et même les feuilles mortes ont disparu. Arrivée à quelques mètres de l’eau, Nori laisse tomber son sac au sol et en sort un gros livre.  Le Livre des sorts et enchantements (niveau 3), de Miranda Fauconnette. Elle l’ouvre à la page qui l’intéresse, soit le sortilège d’amollissement que leur professeur leur a demandé de travailler pendant le week-end. Après avoir bloqué le livre entre deux pierres pour le faire tenir debout, la Serdaigle sortit sa baguette et prononça distinctement :

« Brakiun Enendo ! »

Nori fixait la grosse pierre qui était posée devant elle en levant un sourcil interrogateur. Elle avança précautionneusement sa main de la pierre, et tâta la surface. Encore et toujours aussi dure. La jeune Serdaigle poussa un soupir.

« Nori, c’est BRAKIUM EMENDO. Concentre-toi un peu, sinon, on n’arrivera jamais à assimiler ce sortilège. »

La jeune fille jeta un regard sur le lac, en fixant son reflet qui dansait sur l’eau au rythme des vaguelettes. Elle esquissa un sourire, rassurée de voir cette tête si familière. Nori détourna son regard pour se reconcentrer sur son caillou. Elle le fixa intensément, reprit sa baguette en main et posa le bout sur la pierre.

« Brakium Emendo ! »

Un petit crac se produisit au bout de sa baguette. Toute excitée, Nori effleura la pierre et eut l’impression de toucher un oreiller : le caillou était mou ! Certes, pas aussi mou que celui qui leur avait été montré en cours la veille, mais tout de même ! Aux anges, Nori se releva en souriant. Elle appuya le bout de sa chaussure sur la pierre, rien que pour la sentir s’enfoncer à l’intérieur. Elle était satisfaite, encore un sortilège de réussi. Pour elle, le cours de Sortilèges était probablement le plus passionnant. Voir que l’on pouvait faire tellement de choses rien qu’avec une simple baguette et quelques mots la fascinait. On pouvait en faire de la très belle magie, comme créer de petits oiseaux, tout comme de la magie très obscure. Ce fossé entre ces deux magies fascinait Eleanor, et c’était pourquoi elle passait beaucoup de temps à la bibliothèque. Bien sûr, elle ne s’intéressait qu’à la « belle » magie dans les murs de Poudlard, laissant le reste pour quand elle rentrait chez elle. Là où personne ne viendrait la surveiller, puisque personne ne s’occupait d’elle.

« Aaaaah, comme j’aimerai me baigner dans ce lac ! Tu ne veux pas y tremper les pieds, juste un peu ?
- Mais t’es folle Ella, il fait trop froid ! Je sais bien que tu ressens pas ce genre de choses, mais j’ai pas envie qu’on attrape un rhume… »


Cette façon qu’avait Nori de parler d’elle en disant « on » était tout à fait naturelle pour elle. Mais le reste des personnes qui l’entendaient parler ainsi la prenait pour une folle. En effet, rares étaient les personnes qui ne trouvaient pas la petite Avery étrange, notamment à cause de son obsession de parler seule. Enfin, seule, tout est une question de point de vue. C’est peut-être pour ça que Nori se fiche des moqueries : pour elle, elle ne parle pas seule mais avec Ella. C’était d’ailleurs pour faire plaisir à cette dernière, qui adorait le lac, qu’elle était venue tester ses sortilèges ici. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle serait restée dans l’enceinte du château, dissimulée dans l’un des nombreux recoins qu’elle connaissait. Mais elle était là, dans le froid, rien que sur les paroles d’une voix dans sa tête. Tout était normal.

Nori tourna quelques pages de son livre de sortilèges, considérant le sortilège d’amollissement acquis. La jeune fille n’était pas une Serdaigle pour rien : si elle pouvait prendre de l’avance sur l’apprentissage de ses sortilèges, alors elle allait en profiter. Ce n’était pas lorsqu’elle était chez elle qu’elle pouvait utiliser librement sa baguette. Elle tomba sur un sortilège qu’elle trouva particulièrement intéressant, le Sonorus (et son contresens Sourdinam). Finalement, elle avait peut-être bien fait de venir s’entraîner près du lac, puisqu’ici personne ne pourrait l’entendre. Elle commença l’étude rigoureuse du sortilège, en passant du mouvement de baguette nécessaire à l’intonation nécessaire. Apparemment, ce sortilège n’allait pas être trop difficile à réaliser pour Nori. Bien sûr, elle prit également le temps de bien lire la page concernant le contre-sort. Ce serait tout de même bête que sa voix se retrouve amplifiée jusqu’à son retour au château…  Elle prenait son temps pour trouver la bonne élocution et le mouvement parfait, avant de joindre le geste à la parole.

« Allez Nori, dépêche-toi, j’ai hâte de voir si tu vas réussir…
- Ella, bien sûr que je vais réussir. Peut-être pas du premier coup, mais je réussirai. Regarde. Sonorus ! »


Geste exécuté avec minutie, sortilège prononcé distinctement. Rien ne se produisit, mais Nori savait qu’elle avait réussi. Elle esquissa un sourire, et chuchota le plus bas possible :

« Ella, je crois que j’ai réussi ! »

Sa voix fut amplifiée, agrandie, démultipliée. Elle résonna dans la vallée qui s’étendait. Le sourire de Nori s’agrandit encore plus. Elle sentit monter en elle ce sentiment d’euphorie qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle réussissait un nouveau sortilège. La fierté qu’elle ressentait envers elle-même était l’une des rares qu’elle pouvait recevoir. Jamais son père, sa mère ou son frère et sa sœur ne s’étaient intéressée à elle. Quand elle avait manifesté sa magie pour la première fois, ses parents n’étaient même pas là, et son frère et sa sœur lui en avaient voulu de longs mois d’avoir manifesté ses pouvoirs avant eux. Et maintenant, rien n’avait changé. Elle travaillait pour elle, seulement pour elle : elle voulait pouvoir s’assurer un avenir loin de ceux chez qui elle avait grandi. Son rêve, ce serait de vivre avec Eryn, voire Scott. En fait, c’est dans chez les Ambler qu’elle aurait dû naître, ne serait-ce que pour vivre une enfance heureuse. Perdue dans ses pensées, Nori n’avait pas fait attention à la présence humaine qui se rapprochait progressivement d’elle…


Dernière édition par Eleanor I. Avery le Mar 25 Nov - 22:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptyDim 23 Nov - 23:16

L'Art des Sortilèges en Famille
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Eleanor & Eryn




La porte se referme en un grincement dans mon dos et j’esquisse un sourire. L’entrée de la volière offre une vue parfaite sur le parc. L’hiver est en avance, mais peu importe, j’aime cette saison - la sérénité des tons gris,  les fourrures épaisses et douces des animaux, la silhouette imposante des arbres nus, les soirées blotti au coin du feu avec un chocolat fumant. Oui, vraiment, j’aime l’hiver. J’attends même impatiemment la neige. Sortir au petit matin, laisser les premières traces sur le manteau blanc immaculé et se laisser envahir par ce silence impeccable et apaisant.
Frisson. Je sors de ma rêverie et visse un bonnet rouge et or sur mon crâne, puis dévale les escaliers. Il n’y a presque pas âme qui vive dans les extérieurs du château. Çà et là, un élève isolé se hâte vers le bâtiment, pressé de retrouver le confort de sa salle commune. Quelques courageux, le balais sur l’épaule, se dirigent vers le terrain de Quidditch. Faut quand même être pas très net pour s’imposer de jouer quel que soit le temps. Enfin, si ça les amuse … Je continue ma route, distraite seulement par le cri ou l’envol furtif d’un oiseau dérangé par mon passage. Le calme ambiant rend ma marche mécanique, mon esprit vagabonde un moment, jusqu’à ne plus penser à rien.

« E….A…JE…OIS……AI…..UI ! » Mon palpitant fait un bond – je me fige, le regard fixé sur le lac. C’était quoi ça ? Les battements de mon cœur résonnent contre ma poitrine. Immobile, j’observe les eaux, réfléchissant à toute vitesse. Une créature inconnue ? Un monstre même ? Une attaque ? Une blague ? Je passe en révision tous les scénarios possibles, jusqu’à ce que mes yeux tombent sur une petite silhouette au bord de l’eau. Ma respiration se calme petit à petit, et je me décide à avancer. A mesure que je m’approche, la silhouette prend forme humaine. Un petit bout d’élève seul en boule sur la plage rocheuse, une longue chevelure châtain, une écharpe bleue et argent enroulée autour du cou et relevée jusqu’au nez. Je reconnaitrai cette allure entre mille. Nori. J’accélère. J’ai presque envie de rire – un monstre inconnu ? L’acte le plus terrifiant qu’Eleanor ait jamais réalisé à ma connaissance fut de voler des confiseries dans le placard de ma cuisine. Et je ne m’étais pas retenue de l’assister dans ce crime horrible.
Je suis toute proche maintenant, mais l’adolescente semble ne pas m’avoir remarquée. Je ne peux pas voir son visage d’ici, mais elle a l’air concentrée. Je me glisse derrière elle et pose d’un coup mes mains sur ses yeux « BOUH ! » J’en oubliais le charme. La réaction de ma cousine se fit entendre dans tout le parc, peut-être même au-delà. Mes oreilles bourdonnent, mais je suis satisfaite – juste vengeance à la frayeur qu’elle m’a faite subir quelques minutes plus tôt. Involontairement certes, mais il faut bien s’embêter un peu quand on s’aime. Un enseignement que je tiens de mon frère.

Dans un rire, je colle un bisou sur la joue de Nori puis, d’une main, ébouriffe ses longs cheveux bouclés et m’assieds à côté d’elle. « Woaw ! » Je manque de tomber à la renverse – me relevant d’un coup, j’observe ce sur quoi je viens de m’asseoir. Pas de doute, c’est pourtant bien un caillou … Mon regard tombe sur le livre ouvert devant ma cousine et je comprends. « Sortilège d’amollissement ? On peut dire que c’est réussi ! » Nos yeux se rencontrent et je me sens immédiatement mieux. Eleanor a ce pouvoir sur moi, cette capacité de me faire me sentir importante, admirée, de me remplir de bonheur et d’effacer un instant de mon esprit tout ce qui peut me tracasser. Le tout en un seul regard rieur, un seul sourire enfantin. Pas étonnant que je veuille la garder pour moi ma petite furie. Je me rassieds sur le caillou – avouons-le, une fois la surprise passée, c’est tout de même plus agréable de poser son derrière sur une pierre-coussin que sur un rocher dur et froid.
J’ouvre mon sac et en sort un sachet coloré que je tends à ma cousine. « Dragées Surprises ? Je les ai reçues hier, hibou de Scott. Il t’embrasse. » J’observe un instant le lac, les ondulations de l’eau, le clapotis frémissant des vaguelettes sur les rochers. C’est ma première année à Poudlard sans mon frère, et si je me refuse à l’avouer, même à Nori, son départ m’affecte plus que je ne l’aurais prédit. Les yeux dans le vide, j’avale une sucrerie et réprime un hoquet – celle-là, je ne veux même pas savoir à quoi elle était – puis reporte mon attention sur la Serdaigle. Son livre de Sortilèges est ouvert à la page du Sonorus, dont l’essai a vraisemblablement été concluant. Certains des élèves de mon année ne le maitrisent pourtant toujours pas. Les billes pâles de mon regard se remplissent de fierté et d’admiration ; Eleanor n’a de cesse de me surprendre quand il s’agit de magie. Pourtant, sans me vanter – ou rien qu’un peu – je ne suis pas mauvaise moi-même.

Je hausse un sourcil : « Dis-moi Nori, tu connais le contre sort quand même ? »  Si je me souviens bien, lancer des sorts en dehors des cours ou des salles de classe vides est normalement interdit. On ne peut pas dire qu’un sortilège d’amollissement visant un caillou soit des plus criminels, mais avec le Conseil et les préfets qui rodent, on ne sait jamais. Vu le calme qui règne dehors et le coin isolé que l’adolescente a choisi, il y a peu de chances pour qu’elle soit embêtée dans ses révisions. Mais une voix amplifiée pourrait facilement la trahir, si ce n'était pas déjà fait, et je m'en voudrais terriblement si les ennuis la rattrapaient.


©️ Ju de Never-Utopia


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MessageSujet: Re: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptyMar 25 Nov - 22:52



Eryn & Eleanor
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Alors que la beauté du lac s’étalait devant ses yeux, avec ses nuances de bleu-gris et ses reflets miroitants, tout devient noir en un instant. Sentant des mains inconnues sur son visage accompagnée d’une exclamation, Nori ne put s’empêcher de lâcher un petit cri. Cri qui fut démultiplié par le Sonorus auquel la Serdaigle était toujours soumise. Nori plaqua sa main contre sa bouche pour qu’aucun autre son n’en sorte, vu la puissance à laquelle sortait sa voix. Un peu sonnée par le cri, elle se retourna lentement vers la personne qui l’avait surprise, mi-inquiète mi-enjouée. En effet, cela pouvait être quelqu’un qui l’avait entendu lorsqu’elle avait parlé, et qui serait ainsi au courant qu’elle utilisait la magie en dehors des heures de cours. Ou encore quelqu’un qui aurait décidé de l’embêter, comme cela arrivait souvent… Mais, heureusement, rien de tout cela ! En effet, il s’agissait d’Eryn, sa cousine adorée.

« Eryn ! Tu nous as foutu une de ces frousses ! » Malheureusement, Eryn ne pouvait pas entendre ce qu’Ella disait, puisque seule Nori en était capable. Tout Sonorus ou autre sorte d’enchantement ne pourrait jamais rendre audible la voix d’Ella, bien que cela aura grandement aidé Nori à prouver aux autres qu’elle n’était pas folle. Enfin, le visage de la Serdaigle s’éclaira d’un large sourire à la vue de sa cousine. Apparemment, le plaisir était partagé par la Rouge et Or puisqu’elle éclata d’un rire franc avant de l’embrasser sur la joue. Elle voulut ensuite s’asseoir à côté d’elle, mais avant même que Nori ne puisse lui signifier de quelque manière que ce soit que le caillou qu’elle visait était celui qui avait subi le sortilège d’amollissement. Surprise, Eryn se releva d’un coup avant d’observer avec attention la pierre.

« Sortilège d’amollissement ? On peut dire que c’est réussi ! »

Nori aurait voulu lui répondre, mais elle ne voulait pas à nouveau vriller les tympans d’Eryn à cause du Sonorus. Elle se contenta de lui jeter un regard satisfait. C’était ce genre de regard que les deux filles échangeaient souvent depuis l’enfance. Ce regard enjoué qui se passait de tous les mots et par lequel passait tout l’amour que les deux cousines ressentaient l’une envers l’autre. En effet, pour Eleanor, Eryn et son frère étaient les seules personnes qui aient apporté un peu de couleur à son enfance, les seules personnes qu’elle pouvait considérer comme sa « famille ».
La Lionne se rassit précautionneusement sur le caillou, et sortit de son sac un paquet de bonbons. . « Dragées Surprises ? Je les ai reçues hier, hibou de Scott. Il t’embrasse. »  
Rien que la pensée de Scott, pensant à elles, fit plaisir à Nori. Les années passées, le grand Gryffondor était encore à Poudlard, ce qui, en un sens, était rassurant. En effet, à force de voir la petite Serdaigle parler avec Scott, les moqueries s’étaient calmées, jusqu’à devenir quasi-inexistantes. Mais depuis le début de l’année, elles avaient repris de plus belle. « Hé, Nori, arrête de penser à ça ! Tiens, prends plutôt une dragée. La rouge translucide, là. Non, l’autre ! Oui, ça doit être à la cerise, mes préférées. » La Bleue et Argent jeta la dragée dans sa bouche, et la mâcha joyeusement. Le goût acidulé de la cerise ne fut pas celui escompté : non, la dragée commença à piquer légèrement sa bouche avant de carrément l’incendier. Piment. Nori se força à avaler le plus rapidement possible, mais elle ne pouvait pas cacher son visage, devenu aussi rouge que sa dragée. Elle tira la langue pour l’aérer un peu, et, n’ayant pas d’eau dans son sac, elle reprit une nouvelle dragée, cette fois sans écouter l’avis d’Ella. Jaune vif, c’était fort heureusement un citron. Nori se relâcha, et redevint progressivement blanche comme un linge, comme à son habitude.
« Dis-moi Nori, tu connais le contre sort quand même ? »
La Serdaigle hocha la tête, tentant toujours de ne pas parler. Elle montra à sa cousine la page sur le Sourdinam. « Hé, ça devient ennuyant de ne pas t’entendre parler. Jette ce contre sort qu’on en finisse ! ». Nori ressortit sa baguette, et tenta tant bien que mal de faire comprendre à Eryn de se boucher les oreilles le temps que le contre sort soit efficace. Elle gesticulait dans tous les sens, ce qui eut pour réaction de faire rire la Lionne sans qu’elle comprenne où la jeune fille voulait en venir. Finalement, Nori attrapa les mains d’Eryn et les lui plaqua sur les oreilles en riant, toujours le plus silencieusement possible. Elle prononça l’incantation, puis tenta simplement de prononcer un « a », dont le volume sonore ne fut absolument pas réduit par rapport à tout à l’heure. Elle réessaya une fois, deux fois, trois fois, sans résultat. Etait-ce la présence toute proche de sa cousine qui la perturbait ? Ou bien n’était-elle simplement pas assez agile en maîtrise de Sortilèges pour le moment ? « Ben alors Nori, il t’arrive quoi ? Toi qui réussis toujours tout d’habitude, t’aurais perdu la main ? ». Si l’Aiglonne aurait pu jeter un regard noir à Ella, nul doute qu’elle ne l’aurait fait. Désireuse de lui répondre, elle se concentra à nouveau, et prononça d’une voix calme, la baguette dirigée vers ses cordes vocales : « Sourdinam ».  Elle sentit qu’elle avait réussi, et elle en profita pour répondre à Ella avant qu’Eryn n’enlève les mains de ses oreilles. « Simplement les ajustements, le temps de trouver la bonne intonation. J’aimerai bien t’y voir, toi, avec ta patiente zéro ! » La réponse d’Ella fut instantanée « Si j’avais le pouvoir de tenir une baguette, je te ferai avaler en une seule fois une dizaine de piments rouges. », ce qui eut pour effet de faire rire Nori. Heureusement pour elle, il ne lui était encore jamais arrivé de se disputer réellement avec Ella. Les deux ne faisaient que se taquiner, continuellement.

Nori attrapa les mains d’Eryn, pour lui montrer qu’elle avait réussi. « Et voilà, c’est beaucoup plus pratique comme ça, non ? Merci pour les dragées ! J’enverrai une lettre pour remercier Scott dans la semaine. » Pour appuyer ses paroles, Nori reprit une autre dragée, goût saucisse, cette fois-ci. « Bon, et sinon, tu vas bien ? Ta semaine s’est bien passée ? Avec l’hiver qui arrive, on passe tous plus de temps dans nos salles communes, ça me fait bizarre de moins te voir, tu sais ! » Et c’était bien vrai ! Après avoir passé une bonne partie des vacances d’été ensemble (Nori avait pris son courage à deux mains pour demander à son père d’aller passer l’été chez ses cousins) et profiter plus que de raison de la douceur des jours jusqu’à présent, la présence d’Eryn était devenue naturelle pour Nori. Elle était donc bien contente de profiter de ce moment rien qu’avec elle.
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MessageSujet: Re: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptyJeu 27 Nov - 23:07

L'Art des Sortilèges en Famille
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Eleanor & Eryn




J’aurais pu rester là pendant des heures, seule avec Nori, à la comprendre d’un sourire, à lire ses pensées à travers son regard amusé. Je l’observe d’un œil, tente de deviner ce qui peut bien se passer dans cette petite tête brune alors que sa main flotte au-dessus du sachet de confiseries, indécise. Peine perdue. Les pensées de Nori n’appartiendront jamais qu’à elle. Aussi fort que je l’aime et aussi proches que l’on soit, je crois qu’une partie d’elle m’échappera toujours. Elle n’est pas lunatique, n’est pas changeante, pas non plus vague. Elle s’affirme avec l’espièglerie et l’insouciance d’une enfant de 13 ans. Mais elle laisse une incertitude, un ressenti sur lequel je ne mets pas de mot. Eleanor a un secret, et sans le connaître, sans même vouloir lui tirer les Veracrasses du nez, j’ai envie de le protéger. Comme si briser ce mystère entrainerait le début d’une apocalypse pour elle, ou pour nous, ou pour le monde entier.
Peut-être que je me trompe. Petite, ma cousine me parlait d’une amie imaginaire. Qui aurait pu l’en blâmer ? Elle était tellement seule, coincée entre l’indifférence de son père, l’absence de sa mère et la cruauté des jumeaux … Une fée en cage. Alors peut-être qu’elle n’avait simplement jamais lâché prise sur cette présence familière et rassurante, bien que créée de toutes pièces … L’hypothèse du secret est quand même plus romantique.

La petite main se décide enfin, et je regarde avec amusement les changements de couleur du visage si expressif qu’est celui de ma cousine. Les minutes passent, troublées seulement par le froissement du papier et les bruits de mâchouille. De temps en temps, un tentacule criblé de ventouses brise la surface si lisse du lac et s’élance droit dans les airs. Comme pour nous faire signe. Quelques spirales gracieuses et le voilà qui disparaît de nouveau, laissant pour toute trace de son apparition un défilé d’ondes circulaires et grandissantes, qui seront vite effacées à leur tour.
Je brise finalement le silence. Nori me répond par gestes en m’indiquant la page du Sourdinam sur son livre de sortilèges. Je ne peux pas m'empêcher de rire à la vue de ce petit bout de fille gesticulant dans tous les sens. Plus je rigole et moins je n’arrive à me concentrer sur ce que ma cousine veut me faire comprendre. Je sens qu’elle se retient de rire pour ne pas faire trop de bruit - ses yeux tremblent, ses joues se gonflent d’air. Ce tableau me fait rire de plus belle. On n’est pas sorties du Chaudron Baveur … Perdant patience - ou peut-être le contrôle de sa retenue -, la petite Serdaigle finit par me plaquer les mains sur les oreilles. Oh, c’était donc ça ! J’ai envie de rire à nouveau, comprenant à présent les nombreux mouvements effectués par Nori pour me parler. Non, reste calme. La Bleue a sorti sa baguette et s’apprête à tenter le contre-sort. Je la laisse se concentrer et reporte mon attention sur le lac – un oiseau imprudent s’est posé sur la surface sombre de l’eau. Le bourdonnement de mes oreilles bouchées commence à me monter au crâne. L’oiseau sursaute, tente de s’envoler, en vain – quelque chose le retient. J’étouffe maintenant, je me sens enfermée, j’ai l’impression de mal respirer et il y a ce bourdonnement qui résonne de plus en plus fort ... Mon cœur bat à toute vitesse, je me sens mal. Ou est-ce de l’excitation ? Après tout, peut-être est-ce par intérêt pour sa souffrance que je n’arrive pas à détourner les yeux de l’animal. Je le vois ouvrir le bec, les yeux révulsés. Et disparaitre.

Mon cœur fait un bond. Nori. Apparemment elle a retrouvé sa jolie voix claire et sautillante. Je ne sais même pas combien d’essais il lui aura fallu. Surement moins que la moyenne, elle est tellement douée ! Un peu honteuse de mes écarts d’attention, je force un sourire. La main d’Eleanor plonge à nouveau dans le sac de dragées et je l’imite, désireuse de me reconcentrer. Caramel. Bonne pioche. Mon sourire se détend alors que Nori prend de nouveau la parole : “ Bon, et sinon, tu vas bien ? Ta semaine s’est bien passée ? Avec l’hiver qui arrive, on passe tous plus de temps dans nos salles communes, ça me fait bizarre de moins te voir, tu sais ! “ Et moi donc. Je sens une ombre de tristesse passer sur mes yeux et augmente la largeur de mon sourire pour en cacher la vue. Eleanor me manque énormément. Il se passe parfois plusieurs jours avant que je ne réussisse à apercevoir le bout de son nez au détour d’un couloir ou dans la Grande Salle. Les années précédentes, on trouvait souvent du temps pour se retrouver, Scott, elle et moi. La présence de mon frère aidant, nous finissions toujours par trouver un coin tranquille où passer nos soirées, étudier, jouer, parler, manger, et rentrer parfois bien après le couvre-feu - de beaux souvenirs qui auraient bien pu tourner à la catastrophe en y repensant … Mais Scott n’est plus à Poudlard, et de mon côté, comme tous les cinquièmes années – ou plutôt comme tous les cinquièmes années raisonnables – je passe le plus clair de mon temps à étudier en vue des BUSEs. Non pas que je sois une fada des essais interminables et des heures de fouinage à la bibliothèque. Simplement, il est hors de question que je rate ces examens. Je vise l’excellence, et je l’aurai -  mais elle ne viendra pas toute seule, alors à moi de mettre les bouchées doubles. “Oh tu sais, il n’y a pas grand-chose à dire sur mes semaines … Je croule sous le travail, et je trouve rarement le temps pour une pause avant le week-end“.
Une idée me traverse alors l’esprit. “ Dis, Nori, tu serais partante pour une sortie à Pré-Au-Lard bientôt ? On n’y est pas encore allée toutes les deux. Entre le boulot et les évènements récents, tu sais … “ Je ne prends pas la peine de développer plus. Eleanor aura compris. Puisqu’on en parle, je ne lui ai toujours pas demandé ce qu'elle pense de l’assassinat de Dumbledore et de l’élection du Conseil. Je crois que j’ai peur que son avis diffère du mien. Ou pire, qu’elle ait honte de ce que j’en pense. Jusque-là, j’évitais donc d’aborder le sujet. Un nœud se forma dans mon estomac quand je réalisai que j’étais prête à mentir à ma cousine si jamais elle décidait de développer la discussion …

Je me redresse d’un coup et frappe mes mains sur mes cuisses. Changer de sujet, vite vite vite. “ On parle on parle, mais tu n’étais pas en train de t’exercer là ? Tu as besoin d’aide ? Un sortilège en particulier ? Je peux aussi te montrer ce qu’on fait en cours, ça me fera pratiquer un peu “. Je parle rarement autant et aussi vite, nul doute que Nori l’aura remarqué. Je la fixe avec de grands yeux intéressés, essayant de faire passer mon attitude pour de l’enthousiasme – ce qui en soit n’est pas faux. J’ai toujours adoré réviser avec elle, et ces sessions me manquent. Pour accentuer ma bonne volonté, je sors ma baguette de ma poche, prête à commencer.


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MessageSujet: Re: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptyDim 7 Déc - 19:04



Eryn & Eleanor
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Un frisson parcourt le corps frêle de Nori. Un simple courant d’air glacé. Elle remonte son écharpe bleue et argentée jusqu’à ses yeux et elle enfonce son bonnet autant qu’elle le peut. Mais, en fait, elle n’a pas réellement froid : la présence de sa cousine à côté d’elle la réchauffe, même si ce n’est que psychologique. Eryn avait été son modèle, tout comme l’était Scott, et elle avait toujours admiré leur côté fier et déterminé. Mais comme elle n’avait jamais eu confiance en elle, Nori ne pouvait pas être fière et déterminée. Cependant, Ella l’était, parfois. C’était le côté Lion de la jeune fille, espiègle, loyale et ambitieuse là où Nori était calme, douce et prévoyante. Enfin, le fait était que Nori n’avait jamais parlé explicitement d’Ella à sa cousine. Oh, elle l’avait très certainement évoquée quand elle était petite, quand Ella n’était qu’une « amie », pas une part d’elle-même. Mais après tout, Eryn ne lui avait jamais demandé plus d’explications sur ses moments de légère absence, ou sur ses brusques changements de comportements qui lui arrivaient assez régulièrement. En effet, Nori avait souvent le regard perdu dans le vague, occupée à écouter Ella parler et les gens s’étonnaient de la voir travailler, tout calme, et la seconde d’après excitée comme une puce après qu’Elle lui ait soufflé une idée pour s’introduire discrètement dans la Réserve. Comme une toute jeune enfant, en réalité. C’était probablement pour ça que se lisait encore dans ses yeux cette innocence.

« Oh tu sais, il n’y a pas grand-chose à dire sur mes semaines … Je croule sous le travail, et je trouve rarement le temps pour une pause avant le week-end. »

Ah, oui, les BUSEs ! Nori avait complètement oublié que cette année-là, sa cousine passait le premier vrai examen de sorcellerie ! Le Brevet Universel de Sorcellerie Elémentaire… Rien que le nom donnait des étoiles dans les yeux de la fillette : ce serait la première reconnaissance officielle qu’elle obtiendrait. Elle devait d’ailleurs être l’une des rares élèves à avoir envie et hâte de le passer, surtout vu la quantité de travail que cela impliquait. Mais, pour l’heure, c’était Eryn qui allait passer son examen dans quelques mois, ce qui expliquait qu’elle avait moins de temps libre que les années passées. Nori n’était pas encore à Poudlard lorsque Scott avait passé ses BUSEs, mais elle se rappelait clairement les révisions du jeune homme pour ses ASPICs, qui l’avaient empêché de passer du temps avec elle et Eryn. Par ailleurs, cela avait beaucoup agacé Ella, qui appréciait réellement quand Scott était avec elles et qui à l’inverse de Nori, ne comprenait pas qu’on puisse passer tout un dimanche à lire des livres et recopier ses cours. Dans ces moments là, la jeune Serdaigle était contente qu’Ella ne puisse pas se faire entendre par ceux qui l’entouraient !

« On vous donne vraiment beaucoup de travail, alors ? C’est vraiment dur, les cours de cinquième année ? Vous avez vu la métamorphose humaine ou pas encore ? Oh, et tu sais faire un patronus ? Et en Histoire de la Magie, vous avez commencé à étudier le XVIIe siècle et le code international du secret magique en détail ? Oups, je pose trop de questions, désolée Eryn ! »

Quand il s’agissait de cours, de sortilèges ou de magie en général, Nori était avide d’en savoir plus. Elle avait déjà connaissance de beaucoup de choses dont la grande majorité des troisièmes années ne soupçonnaient même pas l’existence : les sortilèges informulés, le transplanage ou encore les objets ensorcelés capables de réfléchir par eux-mêmes. Bien sûr, elle ne maîtrisait en aucun cas la moindre de ces notions, mais elle tentait de chercher le plus d’informations possibles les concernant. La plupart du temps, elle se contentait de lire les manuels destinés aux élèves des années supérieures, mais il lui arrivait parfois de parcourir d’autres livres qu’elle trouvait chez elle et qui n’étaient pas toujours… Conformes à ce que le Ministère voulait inculquer à ses élèves, si l’on voulait faire simple.

« Dis, Nori, tu serais partante pour une sortie à Pré-Au-Lard bientôt ? On n’y est pas encore allée toutes les deux. Entre le boulot et les évènements récents, tu sais … »

Le sourire d’Eleanor s’élargit jusqu’à ses oreilles, laissant apparaître ses petites dents blanches. Pré-Au-Lard, le seul village entièrement sorcier ! Elle en avait tellement entendu parler par ses cousins et les autres élèves ! Cependant, elle n’avait pas pu s’y rendre avant d’entrer en troisième année. Leur première sortie aurait dû avoir lieu en novembre, mais les « évènements récents », comme le disait Eryn, avait chamboulé tous les plans de l’école. La mort de Dumbledore, le mystère brumeux autour de son agresseur… Nori n’avait pas réellement envie de parler de ça. Après tout, elle sentait que quelque chose commençait à changer, et le sourire narquois et satisfait qu’avait son frère Ollie ne la rassurait pas : elle savait que, d’une manière ou d’une autre, sa famille n’était pas mécontente de cet assassinat. Elle devait se sentir coupable d’être issue de cette famille, d’avoir ce père supérieur et ce frère méprisant. « Oh ouais, une sortie à Pré-Au-Lard ! Enfin ! On pourra aller chez Zonko ! Oh, et chez Honeydukes ! Tu crois qu’Eryn nous laissera boire une bièraubeurre ? Hé, Nori, tu lui réponds ou quoi ? ». Nori secoua la tête : Ella avait raison, mieux valait penser aux bonnes choses, à celles qui promettaient de bons moments en perspective plutôt que de s’appesantir sur des soupçons.

« J’adorerai aller à Pré-Au-Lard avec toi ! Je n’y suis jamais allé, tu pourras me faire visiter en plus ! Tu as déjà été à la cabane Hurlante ? »

« Demande-lui pour la bièraubeurre Nori ! » La Serdaigle leva les yeux au ciel. « Non Ella, il y a un peu d’alcool dedans, on est trop jeune pour en boire ! ». « Et alors ? La jeunesse se forme avec les expériences, non ? » Nori ne prit pas la peine de lui répondre, préférant écouter Eryn plutôt que les plaintes d’Ella. Cette dernière avait repris la parole précipitamment, ce qui dans un sens arrangeait Nori.

« On parle on parle, mais tu n’étais pas en train de t’exercer là ? Tu as besoin d’aide ? Un sortilège en particulier ? Je peux aussi te montrer ce qu’on fait en cours, ça me fera pratiquer un peu »

Eryn avait parlé rapidement, et lui avait posé au moins quatre questions, ce qui ne lui ressemblait pas. D’habitude, c’était Nori qui posait les questions. La Serdaigle leva un sourcil interrogateur, mais elle finit par se dire qu’Eryn souhaitait changer de sujet.
« Elle te cache quelque chose, ou du moins elle n’est pas à l’aise ! » « Oui, mais elle veut changer de sujet, alors on continue sur ce dont elle préfère parler. » « Mais si ça se trouve elle te cache quelque chose. Ou elle sait quelque chose ! Tu dois en savoir plus ! » « Ella, je ne peux pas faire ça… Et je ne saurai même pas comment lui demander. » Visiblement, Nori avait vexé Ella, puisque cette dernière ne lui répondit pas.

« Oh, je ne faisais que réviser les sortilèges qu’on vient de voir en cours… Plus un ou deux autres ! Mais je veux bien que tu me montres ce que vous faites en cours en ce moment, comme ça je pourrais voir ce qui m’attends en cinquième année ! Et puis j’adore toujours te voir pratiquer la magie… »

En attendant qu’Eryn commence à lancer des sortilèges, Nori changea à son tour un caillou en petit coussin pour être assise plus confortablement. Cette fois-ci, il ne lui fallut que deux essais pour arriver à un caillou assez confortable.

« Alors, qu’est-ce que tu vas me montrer ? Sortilèges, enchantement, maléfice ? Oh, ou métamorphose ? Montre-moi tout ce que tu fais en ce moment. Tu pourras m’apprendre ? Tu sais Eryn, je veux tout savoir sur la magie ! »

Nori prit place sur son caillou et laissa son regard se perdre sur les vaguelettes qui arrivaient les unes après les autres sur le rivage, faisant glisser les petits cailloux humides.

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MessageSujet: Re: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptySam 20 Déc - 22:53

L'Art des Sortilèges en Famille
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Eleanor & Eryn



Je ne peux pas m’en empêcher, j’explose de rire - comme à chaque fois que Nori s’emporte à cause des cours. Cette étincelle dans ses yeux, sa voix qui monte d’un ton, le flot de paroles qu’elle débite … On dirait Scott quand il parle de Quidditch. Qu’on soit passionné de sport, passe encore … mais des études ! Qui s’emporterait autant pour le travail ? Loin de moi l’idée de me moquer d’Eleanor, mais vraiment, voir sa bouille s’illuminer devant n’importe quel livre parlant un tant soit peu de magie me fait toujours craquer. Je passe beaucoup de temps dans mes cours, plus que la moyenne, et je n’hésite pas à en faire plus qu’il n’en faudrait. Mais c’est avant tout parce que je veux faire mes preuves, pas parce que je suis grisée rien qu’à l’image d’un bouquin poussiéreux. Ma cousine, c’est différent. Bien sûr qu’elle veut atteindre des sommets, mais elle a un p’tit truc en plus – de la passion, sûrement. A la manière d’une enfant. C’est beau à voir, et c’est drôle à la fois.
« Beaucoup de travail, c’est un euphémisme ma grande ! Je passe tellement de temps sur mes essais que quand je ferme les yeux, je vois des lignes d’encre défiler … Sans parler des cauchemars où je me retrouve encerclée par des bouquins me menaçant de me rajouter des devoirs si je ne réponds pas correctement à leurs questions d’Histoire … » J’esquisse une grimace dégoutée. L’Histoire de la Magie est un des sujets que je supporte le moins. Le fait que Nori puisse en parler avec envie me fait d’ailleurs froncer les sourcils. Même venant d’elle, je trouve ça étonnant. Ce sujet est ennuyeux au possible, et franchement mal amené, sans vouloir manquer de respect au pauvre revenant qui nous sert de professeur. Je pousse un long soupir lassé, puis me secoue et sourit de nouveau à ma cousine. « Et t’en fais pas, tu as raison de poser autant de questions si ça t’intéresse à ce point. Par contre je vais avoir du mal à y répondre, vu que tout ce que tu as cité fait partie du programme des années supérieures. » Je rigole à nouveau et lui colle une pichenette affective sur la joue. J’aurais quand même aimé pouvoir lui répondre, surtout en ce qui concerne le Patronus. Ce doit être formidable de découvrir quel animal nous correspond vraiment ... Un peu comme de se regarder dans un miroir pour la première fois.

J’observe Nori ramollir son caillou sans lui répondre, avec un sourire en coin et une étincelle dans les yeux. Parce que je sais exactement par quel sortilège je vais commencer. A vrai dire, j’y travaille depuis plusieurs semaines, et j’arrive enfin à un résultat décent – un sort d’Apparition. C’est un peu présomptueux, après tout nous ne travaillons que les sortilèges de Disparition pour l’instant, mais je n’ai pas pu m’en empêcher, j’avais trop envie de maîtriser au moins cette apparition-là et de la montrer à ma cousine. Et quel meilleur moment pour le faire qu’assises ici, seules au bord de l’eau, paisibles et complices, avec seulement le Calmar pour nous déranger ? J’inspire longuement, sors ma baguette de ma poche et fais doucement tournoyer le noyer entre mes doigts. Je me concentre au maximum, visualise dans les moindres détails ce que je veux créer. C’est la simplicité de l’objet désiré qui m’a décidée à me lancer dans ce sort de niveau supérieur – sans cela je n’y aurais pas songé, après tout j’ai assez de travail comme ça pour aller perdre du temps sur des incantations que j’étudierai l’année suivante. Petits, fins, légers, monochromes … Là, je les vois presque danser devant mes yeux. Maintenant. Je pointe ma baguette en direction du lac et prononce l’incantation. Un filet rose s’échappe de son extrémité tandis qu’une vingtaine de pétales de fleurs se matérialisent en face de nous. Juste à ce moment, une légère brise nous caresse le visage, faisant virevolter les petites taches rouges au-dessus de nos têtes, avant qu’elles ne retombent doucement au sol. Timing parfait. Je laisse échapper une exclamation de satisfaction et me tourne, radieuse, vers Eleanor : « C’est sûr que ça ne vaut pas les tiens, mais c’est un début, non ? » J’aurais aimé pouvoir en faire plus, et de toutes les couleurs, sans avoir à compter sur le hasard du vent pour les mouvoir, mais je suis quand même fière de moi. Surtout que l’intention était avant tout symbolique, un clin d’œil dirigé pour ma cousine. Petite, la magie de cette dernière se manifestait bien plus souvent que la moyenne, et même si elle ne pouvait pas vraiment la contrôler, elle reflétait ses humeurs à la perfection. Lorsque l’on jouait ensemble par exemple, son bonheur était tel qu’elle finissait parfois par déclencher des tempêtes de pétales dans lesquels nous aimions chahuter. J’adorais ces moments, et être capable de créer une telle danse fleurie serait comme toujours avoir un petit bout de Nori avec moi.

Je retire délicatement un pétale posé sur les cheveux d’Eleanor et le fait tourner entre mes doigts. « Bon, en fait ce n’est pas vraiment au programme, l’Apparition c’est pour les Sixièmes Années. Par contre on travaille sur la Disparition. Théoriquement, la méthode est la même en sens inverse. Mais bien sûr, entre la théorie et la pratique, y’a un gouffre … » J’ouvre ma main à plat et y pointe ma baguette. A nouveau je me concentre, essayant de supprimer de ce que je vois la petite tache rouge posée sur ma paume. Evanesco. Une étincelle argentée et voilà le pétale disparu. « Ca a l’air simple comme ça, mais dès que j’essaie sur un objet plus complexe j’en oublie la moitié … Regarde ». Je tente la même manœuvre sur une mauvaise herbe assez touffue proche de nous, n’en laissant qu’une tige nue ponctuée d’une fleur jaune s’élançant pathétiquement vers le ciel. Pitoyable. Je soupire légèrement, et rigole un peu de moi-même. C’est toujours mieux que la plupart des élèves de mon année, mais pas non plus folichon … Enfin bon, il me reste de longs mois avant les examens, j’ai largement le temps d’y arriver d’ici là. Je souris à Nori : « A toi, montres-moi ce que tu fais en cours quand tu n’apprends pas à ramollir tout ce qui te passe sous la main ! » Je pose mes coudes sur mes cuisses et ma tête dans les mains, prête à observer la démonstration de ma cousine. Puis me redresse d’un coup : « Oh non, attends ! Je ne t’ai pas répondu, mais super pour Pré-Au-Lard ! J’ai hâte de t’emmener ! Prépare ton argent de poche, tu risques d’en avoir besoin … surtout chez Honeydukes ! » J’imagine déjà parfaitement l’émerveillement dans les yeux de ma cousine quand elle découvrira le magasin en question. C’est mon préféré du village, et je suis prête à parier que ce sera le sien. Quoi que, Zonko risque de lui faire de la concurrence … Je ne suis pas une adepte des farces et attrapes, mais Nori peut s’avérer espiègle et je suis sûre qu’elle y trouvera son bonheur aussi. « Par contre non, je ne suis jamais allée voir la Cabane Hurlante … » Je ne précise pas que ce lieu ne m’intéresse pas franchement. Je doute qu’il soit réellement habité par des fantômes ou autres esprits frappeurs – et s’il l’est, alors autant les laisser en paix. Mais bon, si ça peut faire plaisir à Nori … « On aura qu’à y aller ensemble, ça fera une première pour toutes les deux ! Mais pas avant une bonne bièraubeurre ! » Ca, elle va a-do-rer ! J’en suis certaine. « Allez, cette fois c’est à toi de jeter un sort ! » je lui lance, les yeux pétillants à l’idée de cette journée qu’on va pouvoir passer toutes les deux, ensemble pour de longues heures, riant de tout et de rien sans se soucier des autres ou de nos problèmes respectifs. Comme cet été, comme lorsque nous étions enfants.

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MessageSujet: Re: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptyDim 28 Déc - 23:46



Eryn & Eleanor
©️ Never-Utopia

Nori émit un rire léger quand Eryn évoqua sa tonne de devoirs et surtout les cauchemars qui y étaient liés. Sur ce point-là, les deux cousines étaient bien différentes : Nori pouvait passer des heures à travailler, lire des livres et écouter ses professeurs parler sans même s’ennuyer une seule seconde, tout ça par simple passion, alors que sa cousine travaillait presque par obligation. Et ce dont la Gryffondor se plaignait, à savoir de voir défiler des lignes d’encre dès qu’elle fermait les yeux, c’était ce qui arrivait continuellement à la Serdaigle. Quand elle refermait un livre après avoir passé des heures à le lire, elle ne pouvait s’empêcher de ressasser sans cesse ce qu’elle avait lu dans le livre, le croisant à ce qu’elle savait déjà. Elle voyait ces lignes d’encre continuellement, ce qui était parfois dérangeant bien que Nori avait fini par s’y habituer.
Suite au long soupir d’Eryn, la troisième année se retint de pouffer : elle savait bien que l’Histoire de la Magie rebutait la grande majorité des élèves, que ce soit par rapport à ce qu’on leur enseignait ou à cause de leur professeur, qui était d’un ennui mortel –sans mauvais jeu de mot. Mais Nori n’était pas de cet avis : l’Histoire de la Magie était une matière passionnante, qui permettait de comprendre leur société présente en s’intéressant aux temps forts du passé. La révolte des Gobelins, la magie dans l’Antiquité, les chasses aux sorcières : tout cela avait forgé leur société actuelle. Et puis, qu’est-ce que c’était passionnant de lire des récits de bataille ou de voyage ! L’Histoire de la Magie était la base de toute la magie, qu’elle soit théorique ou pratique. Ainsi, Nori avait du mal à comprendre les personnes qui n’aimaient pas cette matière. A son avis, on ne pouvait pas s’arrêter à ce dont on leur enseignait en cours, il fallait creuser plus loin. Abandonner ainsi revenait à oublier tous les sorciers qui s’étaient battus pour arriver à leur société actuelle, tout ça à cause d’un professeur ennuyant…  Mais bon, ces élèves-là ne connaîtraient jamais cette passion, préférant s’adonner à d’autres comme le Quidditch ou le club de Duel.

D’ailleurs, cette passion avait encore emporté Nori un peu trop loin. Elle pensait vraiment que sa cousine avait déjà étudié tout ce qu’elle lui avait demandé mais pas encore. Elle devrait donc attendre encore plus de trois ans pour commencer les choses les plus passionnantes de la magie ! Ou alors elle devrait faire ses recherches par elle-même, mais elle n’aurait pas le droit de pratiquer, ce qui la rebutait un peu : à quoi bon travailler toute la théorie sans pouvoir la mettre en pratique ? C’était comme cuisiner un gâteau et ne pas pouvoir le manger…

Enfin, Nori s’installa confortablement sur son caillou et observa sa cousine réaliser son sortilège. Elle la vit se préparer et se concentrer intensément pendant de longues secondes, puis prononcer finalement l’incantation liée à son sortilège. Une nuée de petits pétales rouges sortit de l’extrémité de la baguette, et fut ramenée vers les filles par la même brise fraîche qui avait fait frissonner Nori quelques minutes plus tôt après. Un immense sourire illumina le visage de la Serdaigle : ce sortilège, qui semblait simple à première vue, avait dû demander beaucoup de travail à Eryn. En effet, ce n’était pas facile de faire apparaitre des objets, de les créer même. Et la jeune fille ne pouvait s’empêcher de penser qu’Eryn avait choisi les pétales de fleur pour elle. Un instant, juste un court instant, elle ferme les yeux.

Elle a quatre ans, elle est dans son jardin, assise sous le grand cerisier en fleurs. Eryn est assise à côté d’elle, et Scott les nargue du haut de l’arbre. Elles sont encore bien trop petites pour grimper, alors elles se contentent de rester sur les racines. Elles chantonnent une chanson entendue à la radio quelques heures plus tôt. Sur le perron de la maison, Auttie et Ollie les regardent d’un air méprisant. Son père, Oscar Avery, ouvre la porte et fait entrer ses aînés, les gratifiant d’un sourire et d’une tape affective. Il lance un regard vers Nori. « Rentre. Tes cousins n’ont plus à être là. ». Non, non, non. Elle veut rester encore avec eux, profiter un peu de cette douceur. Parce qu’avec eux elle est quelqu’un. Alors, comme elle parle peu, elle sent ce mécontentement, cette colère, grandir en elle. Comme un ballon. Et POUF ! comme un ballon qui explose, tous les pétales du cerisier s’envolent. Scott se met à rire, Eryn se met à rire, et pour finir, Nori se met à rire.

« Hey la mélancolique, reviens un peu sur terre ! Eryn te parle ! »

Nori secoua la tête, chassant ses vieux souvenirs et écoutant sa cousine lui parler de son sortilège.

« Bon, en fait ce n’est pas vraiment au programme, l’Apparition c’est pour les Sixièmes Années. Par contre on travaille sur la Disparition. Théoriquement, la méthode est la même en sens inverse. Mais bien sûr, entre la théorie et la pratique, y’a un gouffre … Ça a l’air simple comme ça, mais dès que j’essaie sur un objet plus complexe j’en oublie la moitié … Regarde »


La petite Serdaigle regardait avec attention sa cousine faire disparaître un premier pétale, puis tenter la même chose avec une mauvaise herbe. Le premier sortilège fut réussi, mais le second ne fonctionna qu’à moitié, laissant simplement une tige avec une fleur pendant tristement au bout. Cette fleur inspira à Nori l’envie de tester aussi ce sortilège. Après tout, elle ne risquait rien, ce n’était qu’une petite formule qu’elle apprendrait dans deux ans… L’envie était forte, aussi elle ne put s’empêcher de murmurer « Evanesco » en fixant la fleur. Un mince filet blanchâtre sorti de sa baguette, mais au lieu de faire disparaître la fleur, ce fut un minuscule caillou placé juste devant qui disparut dans un léger  Plop ! . Nori fit la moue, avant de finalement étirer un sourire quand sa cousine reprit la parole :

« Oh non, attends ! Je ne t’ai pas répondu, mais super pour Pré-Au-Lard ! J’ai hâte de t’emmener ! Prépare ton argent de poche, tu risques d’en avoir besoin … surtout chez Honeydukes ! Par contre non, je ne suis jamais allée voir la Cabane Hurlante … On aura qu’à y aller ensemble, ça fera une première pour toutes les deux ! Mais pas avant une bonne bièraubeurre ! »

L’idée d’aller à Pré-au-lard avec sa cousine la rendait très heureuse, parce qu’elle pourrait encore découvrir de nouvelles choses. Pour la cabane Hurlante, ce n’était pas très étonnant qu’Eryn n’y soit encore jamais allé. Après tout, cela ne faisait que quelques années à peine que d’étranges bruits avaient commencés à se faire entendre certains soirs dans l’année. S’y rendre avec sa cousine la faisait frissonner, mais l’excitait terriblement : qu’allaient-elles trouver dans cette cabane ?

« J’ai également hâte que tu m’y emmènes, je suis sûre que ça va être super ! J’espère que la Cabane Hurlante n’est pas trop dangereuse quand même… Et pour la Bièraubeurre,  j’ai le droit d’en boire ? Je n’ai que treize ans, presque quatorze, mais il y a quand même de l’alcool dans ce truc, non ? »

Tester la bièraubeurre ne lui faisait pas peur non plus, mais elle n’avait juste pas envie que quelqu’un puisse reprocher quelque chose à sa cousine pour lui avoir fait boire cette boisson. Enfin, maintenant, sa cousine était installée et prête à regarder un nouveau sortilège qu’elle allait pouvoir lancer. Quel sortilège allait-elle pouvoir lui montrer ? Après tout, Eryn était déjà censée avoir étudié tout ce que Nori apprenait cette année…
« Tu peux lancer le sortilège de Bloclang ? Ce serait drôle si Eryn ne pouvait plus parler pend-
- Non ! Je ne connais même pas le contre-sort. Et pourquoi pas le sortilège d’Allégresse ?
- Trop classique, et puis ce ne serait même pas drôle… Oh, utilise le sortilège de Flambios !
- Oh oui, j’ai une idée ! »
Nori reprit sa baguette en main et prononça l’incantation, et un filet de feu commença à sortir de son extrémité. Elle fit danser le bâton de bois dans les airs, jusqu’à former le mot « Eryn ». Elle était plutôt contente de ce qu’elle avait fait, puisque pour une fois, le sort ne s’était pas arrêté en plein milieu du mot, ou la flamme n’était pas subitement devenue plus épaisse. Après avoir laissé danser les flammes quelques instants, Nori pointa à nouveau sa baguette vers les lettres enflammées et prononça la formule suivante : « Ventus ». Une légère rafale de vent s’échappa de la baguette et dispersa les lettres dans l’air, faisant danser des petites étincelles dans tous les sens.

« Pas mal, Nori ! Bon, ça aurait été plus drôle si tu les avais faites exploser, mais c’est moins dangereux comme ça je suppose… »

La Serdaigle sourit, plutôt contente d’elle. Elle adorait créer de nouvelles combinaisons de sortilèges, qui permettaient de créer de la belle magie. Autant elle était fascinée par des formes de magie très peu utilisées et pas toujours autorisées, autant elle pouvait trouver une beauté dans une forme de magie simple.

« Tiens au fait, si Scott t’a envoyé une lettre, tu as eu de ses nouvelles ? Il va bien ? Et son apprentissage se passe bien ? Aaaah, il me manque quand même, tu sais… »


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MessageSujet: Re: L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] L'art des Sortilèges en famille [ft. Eryn] EmptyJeu 15 Jan - 21:41

L'Art des Sortilèges en Famille
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Eleanor & Eryn




L’enthousiasme de Nori pour la Cabane Hurlante en est communicatif. A voir ses yeux brillants d’excitation, j’ai presque hâte moi aussi de découvrir ce lieu dont on parle tant dans l’école. Après tout, il pourrait vraiment nous arriver quelque chose là-bas … Ne serait-ce qu’un bon fou rire, ce serait toujours ça de gagné. Je m’empresse de la rassurer pour ses doutes sur l’alcool : “T’en fais pas pour la Bièraubeurre, ça risque rien ! J’ai même entendu que le Conseil allait en commander pour le buffet du bal de Noël alors vraiment, tu n’as pas de soucis à te faire.“ Je rajoute avec un sourire en coin : “Et puis, c’est tellement bon que ça vaudrait bien la peine de prendre des risques pour en boire !“ Je la nargue, je sais. Je ne devrais pas faire ça, mais je ne peux pas m’en empêcher – j’adore l’embêter, et j’adore la tête qu’elle peut faire quand elle feint l’énervement ou l’envie. Nori me fait rire, plus que quiconque, et je ne manquerais pas une occasion de voir son visage s’animer. Quitte à la provoquer un peu.

Le sac de Dragées Surprises ayant été laissé tranquille trop longtemps à mon goût, j’attrape un bonbon bleu scintillant et laisse le goût acidulé fondre sur ma langue, le temps pour Eleanor de choisir son prochain sort. Elle est marrante quand elle se concentre, même pour les choses les plus simples on dirait qu’un véritable débat prend place dans sa tête. Un léger sourire s’esquisse sur mes lèvres – j’essaie de ne pas rire, de peur de la perturber, mais de toute façon elle a l’air trop plongée dans son monde pour faire attention à mon expression. Enfin, la petite Serdaigle pointe de nouveau sa baguette devant elle. Je me redresse et observe l’aubépine s’agiter suivant les mouvements de poignets de ma cousine – un filet rouge orangé danse devant elle. Est-ce qu’elle essaye de dessiner quelque chose ? Non, ça ressemble à des lettres, c’est … Oh ! Mes yeux s’illuminent quand je comprends enfin ce que cherche à faire Nori. Mon prénom est entièrement lisible à présent, en jolies lettres courbes qui s’embrasent devant nos yeux. Un Ventus plus tard, le mot s’efface en une gracieuse danse de petites lueurs rouges. C’est bien Eleanor ça ! Toujours avec une imagination débordante, arriver à combiner les sorts pour en faire quelque chose pas forcément d’utile mais avant tout de beau, ou de drôle, ou de touchant. Ou les trois à la fois. J’applaudis en riant les talents de ce petit bout de grande sorcière. “C’était superbe Nori !“ La brise emporte les quelques étincelles qui dansent encore devant nous, et je sens mes mains se porter mécaniquement à mon crâne pour réajuster mon bonnet – l’air semble s’être encore rafraichi ces dernières minutes.

Un petit silence s’installe, calme et apaisant. J’en profite pour retenter le Sortilège de Disparition, visant au hasard les galets malchanceux qui parsèment la plage. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous mais on peut dire que je m’améliore. “ Tiens au fait, si Scott t’a envoyé une lettre, tu as eu de ses nouvelles ? Il va bien ? Et son apprentissage se passe bien ? Aaaah, il me manque quand même, tu sais… “ Mon regard croise celui de ma cousine et j’esquisse un léger sourire. Mon frère me manque aussi bien sûr, mais encore une fois j’évite d’en parler. Comme si l’avouer rendrait le vide trop réel, trop important. “Oh, tu le connais, il est à l’aise partout lui … Donc forcément, il est dans la tête de promotion, a tous ses formateurs dans sa poche et les employeurs le suivent déjà de loin … Bref, on peut dire que ça va pas mal !“ Voir mon frère suivre à la lettre le chemin tracé par notre père m’avait rebutée au début. Les deux sont semblables, c’est indéniable, mais je savais la pression que mon géniteur faisait porter sur son héritier et j’ai eu peur que Scott ait choisi les relations internationales contre son gré. Avec un peu de recul, il est évident que cette voie est faite pour lui. La seule chose que je crains maintenant, c’est qu’il me délaisse petit à petit, comme mon père. Je me garde bien de rabâcher ça à Nori – après tout, elle connaît la solitude et le déni de ses proches bien mieux que moi. Mais je ne peux pas lui cacher mes doutes pour autant, et elle m’a déjà rassurée plus d’une fois sur le sujet …

Je profite de la conversation pour entrer sur une pente un peu plus glissante “Et toi ? Tu as des nouvelles d’Oliver ? Il ne te mène pas la vie dure au moins ?“ Oliver, le grand frère de Nori. Mon cousin donc, bien que je sois aussi proche de lui qu’un blaireau d’une baleine. Peu de gens savent d’ailleurs que nous sommes liés, et ce n’est pas moi qui irais le crier sur les toits. Pour tout dire, je l’apprécie uniquement lorsque Scott s’autorise à le ridiculiser – c'est-à-dire, de moins en moins. L’indifférence serait facile, si ce n’était pas pour sa détestable habitude de faire de la vie de Nori un enfer, quand il ne l’ignorait pas totalement. J’en étais presque satisfaite du décès de sa sœur jumelle, bien qu’on ne puisse pas dire que cet évènement ait amélioré l’attitude du garçon. Je jette un coup d’œil inquiet à ma cousine : “Tu n’hésiteras pas à me le dire si tu as besoin, hein ?“ C’est sûr, je n’ai pas la carrure de mon frère. Mais à deux, on pourra toujours trouver de quoi lui faire passer l’envie de rejeter son ennui sur Eleanor – quitte à ruser. Honnêtement, ça pourrait même être amusant. Je ne peux pas empêcher un sourire malicieux de s’étendre sur mes lèvres en imaginant une de nos possibles victoires sur le Serpentard. Et je suis presque sûre que Nori a compris mon regard amusé.


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