Marilyn virevoltait doucement dans sa robe de soirée. Enfin un instant de détente dans cette folie. Lorsque Carl avait suggéré cette distraction afin de dénouer les esprits emmêlés, la jeune femme avait promptement appuyé son idée. Il fallait apaiser toutes ces tensions. Depuis la mort de Dumbledore, rien n'était plus comme avant. Rien ne le serait jamais plus. Surtout depuis leur présence au sein du château. Qu'il était difficile d'évoluer, de s'imposer. Alors ce bal, c'était leur chance. Celle de montrer qu'ils assuraient à leur poste. Et voilà qu'ils y étaient. Élèves, sorciers du monde. Les fêtes de Noël avaient toujours été les préférées de Marilyn. Une atmosphère conviviale flottait de manière imperturbable durant la fin de l'année. Elle aimait les décorations, la fête, l'allégresse d'ouvrir un cadeau. Un sourire étira ses lèvres alors qu'elle repensait à la surprise qu'elle avait mis en place avec l'aide de Becka. Il fallait bien que les deux seules jeunes femmes du conseil se serrent les coudes...

Après plusieurs minutes durant lesquelles les convives se tassèrent dans la grande salle, la journaliste prit la parole. "Très chers étudiants et membres de la communauté sorcière, nous vous souhaitons la bienvenue à cette réception de Noël. Noël, une fête familiale qui invite à la réunion, à la joie de vivre. Bientôt, la fin de l'année approchera et si nous avons tous une pensée pour notre très cher regretté Dumbledore, nous allons continuer. Perpétuer sa pensée, ses méthodes. Mais surtout, nous allons avancer, ensemble avec mes collègues, mais avec vous afin de vous offrir à vous, la jeune génération, une éducation parfaite pour devenir des sorciers accomplis lors de votre entrée dans le monde. Mais avant de se perdre dans un discours trop solennel et bien trop sérieux, je dirais simplement : Amusez-vous ! Profitez de cette soirée ! Ah et j'oubliais ! Nous vous avons préparé une petite surprise mais pour l'instant, laissons place à l'ouverture du bal. Applaudissez bien fort vos représentants, les préfets de Poudlard." Lorsqu'elle s'arrêta de parler, les notes de musique s'élevèrent dans les airs et du regard elle couva les deux préfets en chef qui se mirent à danser. Du moins, qui tentaient de le faire... Durant un instant, elle se demanda si elle n'en avait pas trop fait. Ce discours sentait la démagogie... Tant pis. Marilyn ne regrettait jamais ce qu'elle faisait. Une erreur n'était qu'un trampoline pour mieux rebondir. Plutôt se défendre bec et ongle que d'admettre un dérapage. Elle fut coupée dans ses pensées par une main qui se glissa sur son épaule, l'invitant à se retourner. Damon Yaxley. Il lui tendait une main afin de l'attirer vers lui pour entamer à leur tour cette valse. C'est une relation étrange qui les unit. Il fallait être aveugle pour ne pas remarquer son charme malgré ses quarante belles années mais surtout fait bien plus notable, il était marié. Alors Marilyn ne l'avait jamais regardé autrement. Il n'était qu'un collègue aux idées fermées et extrémistes. Tout ce qu'elle détestait dans le fond. Un arrogant arriviste aux méthodes douteuses. Combien de fois s'étaient-ils disputés leur méthode s'opposant radicalement ? Monsieur Sang-Pur le surnommait-elle lorsqu'elle avait besoin de pester auprès de Carl... Un jour, Marilyn avait surpris une conversation entre lui et Black au sujet du mariage. Déjà qu'elle débectait cette idée... La façon dont ils en parlaient au sujet de leurs enfants, pardon, leurs descendants était abjecte. La femme n'était qu'un monnaie d'échange sans intérêt. S'emparant du débat, Marilyn leur avait alors demandé ce qu'ils pouvaient bien penser de sa présence au sein du conseil. Le regard lubrique du Yaxley faillit causer sa propre mort... Et pourtant. Il savait comment la flatter, quoi lui dire pour la charmer. Loin d'être stupide Marilyn sait ce qui se cache derrière ces jolies paroles. Ce qui ne l'empêche pas de rentrer dans son jeu, c'est distrayant. Et puis, c'est toujours agréable de se savoir désirée... "Est-ce que vous avez vu Arsenius ? C'est étrange qu'il soit en retard." Tourbillons légers. Pour une fois Marilyn se laisse guider par cet homme. "Son absence fait jaser. Je ne vais pas le rater à la prochaine réunion." Le visage de Marilyn s'assombrit. Elle n'aimait pas ce contrôle absolu que Damon souhaitait exercer mais il fallait l'admettre, il avait raison. "J'espère que rien de grave ne lui est arrivé..." "J'espère que si... ce sera la seule bonne excuse qui pourra le pardonner." La jeune femme aux origines espagnoles leva les yeux au ciel sans se soucier des bonnes manières. "Vous êtes vraiment insolent Damon." "Je vous retourne le compliment." lui répondit-il avec un sourire charmeur aux lèvres. Les yeux sombres de Marilyn s'emplirent de malice. Ce n'était que cela à présent entre eux. Piques, charme et hurlements... L'homme s'éloigna d'elle après un baisemain des plus galants à la fin de leur danse.

D'un geste souple, Marilyn réajusta son chignon pour observer la Grande Salle et sa merveilleuse décoration. Elle ne put s'empêcher de commenter l'arrivée des cadeaux pour la signaler à leurs hôtes. D'un regard discret, elle chercha sa soeur Marlène. C'est Marlène Sasseur ! Ah bon, il a une soeur ! La petite dernière de la famille. La seule autre fille de la fratrie McKinnon. Dix années les séparent. C'est triste à dire mais les deux jeunes femmes se connaissent à peine... Depuis qu'elle est à Poudlard, Marilyn garde un oeil sur elle et n'hésite pas à lui faire remarquer si quelque chose ne va pas. Elle n'est pas l'ainée pour rien et ce rôle lui tient réellement à coeur. Au bout de quelques instants, elle voit Marlène en compagnie du fils Yaxley. Sans se contrôler ses yeux se plissent. Le dicton tel père, tel fils est-il vrai ? Sa présence auprès de sa soeur l’irrite. Depuis quand sa jeune Marlène était en âge de fricoter avec des garçons ? L'image d'elle bébé lui revint en mémoire. Cette petite chose qui avait atterri dans les bras de cinq frères et d'une soeur. Déjà enfant Marylin avait dû apprendre à crier plus fort pour s'imposer à ses frères. Comment rivaliser à mesure qu'ils devenaient plus nombreux ? Cliché typique de la famille espagnole. Famille nombreuse qui passe son temps à crier... Mais cela était ainsi. Ils avaient grandi heureux et tous avait déployé ce caractère fou qui les distinguait entre mille. Les McKinnon avaient du caractère et ne se laissaient pas marcher sur les pieds. Il fallait bien cela pour se faire entendre au milieu de huit autres personnes ! Et plus la famille grandissait, plus cela criait. En proie aux jeux de ses frères, à leurs manigances, Marilyn avait subit moult blagues de leur part. La bagarre avec eux était récurrente. Verbale ou avec les mains... On pouvait les remercier. Ils avaient forgé le merveilleux caractère de Marilyn... Marlène, la petite dernière avait eu ce côté attendrissant de la benjamine. Elle avait quelque peu échappé à ces tourments. C'était leur petite protégée... Le bébé. Non franchement, elle était bien jeune pour être avec un cavalier. Mais l'heure n'était pas au scandale. Elle lui en toucherait deux mots. Plus tard. En cet instant, Mary voulait penser à autre chose et rien de telle que la compagnie de ce très cher Londubat. Où est-il parti se cacher d'ailleurs ?

C'est désespéré et bierre-au-beurre à la main que la membre du conseil le retrouva. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire en sa compagnie. Même devant son air boudeur et renfrogné. Lorsqu'elle pensait aux années qu'ils laissaient derrière eux depuis leur première rencontre, Marliyn croyait voir une ride se dessiner au coin de son oeil. Lorsqu'elle le voyait aujourd'hui avec cette belle carrière d'auror, elle ne pouvait être plus fière de son ami. Ils avaient tous les deux toujours été travailleurs et ambitieux. Etait-ce étonnant de les retrouver ensemble à ce poste ? Bien évidement quelques mauvaises langues ne pouvaient se taire et bien vite leur relation amoureuse durant leur jeunesse avait refait surface alimentant quelques ragots si loin de la vérité qui unissait les deux adultes qu'ils étaient devenus. Leur idylle avait été charmante. Jeunes et populaires, ils avaient pourtant dû se rendre à l'évidence. Avec le temps, c'était une amitié solide qui avait remplacé la passion de leurs élans amoureux. Ils ne s'étaient jamais réellement perdu de vue. Certaines relations étaient inébranlables. Et si parfois elle devait lui vriller les oreilles avec ses idées féministes, si de temps en temps elle devait lui casser les pieds alors qu'elle lui disait à quel point Mike l'énervait à ne pas suivre ses conseils, Carl était toujours là. Elle le serait toujours aussi. Même lorsqu'il lui faisait des blagues idiotes... Elle n'arrivait jamais à lui en vouloir bien longtemps avec cet air innocent qu'il trainait sur son visage devant l'excès de colère de l'Espagnole. Carl était l'homme parfait pour toutes femmes qui désiraient se ranger. Elle l'aurait poussé dans les coeurs de ses plus chères amies les yeux fermés. Entre ses bras, durant la danse qu'ils ouvrirent, elle se sentit bien plus à l'aise qu'avec le Yaxley. Entre mots amicaux et petites boutades, il y avait cette saveur de l'habitude et de la nostalgie qui les entourait. Quoi de plus délectable que de profiter d'une telle amitié ? D'évoluer dans une même direction ? Tous les deux membres des Phénix, dévoués à leurs causes. Non il n'y avait rien de plus délectable qu'une réelle amitié. Lorsqu'il s'excusa la mine contrariée, Mary lui adressa un léger sourire sans comprendre ce qui lui arrivait. Elle le vit fendre la foule et disparaitre en son sein. Elle ne resta pas bien longtemps seule alors qu'elle apercevait Alexis. Une personne qui elle aussi pouvait illustrer l'amitié sous toutes ses formes. Tout comme Carl, elles s'étaient connues à Poudlard et malgré les aventures de cette dernière, elles ne s'étaient jamais lâché. La journaliste admirait la femme forte qu'elle était devenue malgré toutes les entailles que son esprit avait subi. Alexis était une femme des plus courageuses. Une alliée parfaite devant tous ces hommes qui se pensaient supérieurs juste par le fait d'une anatomie qui pendait entre leurs jambes. Marilyn avait toujours vu grand. Elle avait joué des coudes au sein de la gazette afin de gravir les échelons. Tout pour prouver qu'une femme pouvait aussi bien réussir qu'un homme. C'était aussi simple que cela. Sa personnalité était parfois écrasante. Insupportable. Mike, son cadet, était le premier à la maudire pour cela. Preuve en était, il n'était pas venu ce soir. Tout simplement pour la contrarier. Lui montrer qu'elle ne pouvait pas diriger sa vie. Son absence faisait tâche. Marilyn n'aimait pas cela. Elle n'hésiterait pas à lui remontrer les bretelles lors de leur prochaine rencontre.

D'un geste fluide, elle décida que les cadeaux devaient enfin retrouver leurs propriétaires. D'un plis de sa robe, elle sortit sa baguette afin de faire virevolter les présents. Avec Becka, elles avaient décidé d'offrir des effets personnalisés en fonction des élèves, des invités. La tâche avait été ardue et avec l'aide d'Amos, ils avaient fini par trouver une breloque pour chacun. Un livre, une potion, une écharpe... Un soucis de perfection. Un souvenir pour marquer à jamais dans les esprits cette soirée. Loin d'elle l'idée qu'elle le serait pour de toutes autres raisons. Lorsque les cris retentirent dans la salle, cela lui glaça le sang. Que se passait-il ? Ses prunelles assombries cherchaient une explication. D'un geste rapide, elle ouvrit son propre paquet. Becka lui avait promis qu'elle serait ravie. Ravie ne fut pas le mot qui lui vint à l'esprit lorsqu'elle découvrit des viscères dans son paquet. Un haut le coeur s'empara de son estomac à la vue de ces intestins ensanglantés. Ce n'était rien comparé à l'odeur qui s'en dégageait. Elle crut réellement qu'elle allait vomir. Sèchement elle referma la boite pour la laisser sur une table. La panique envahissait petit à petit ses veines. Resserrant sa prise sur sa précieuse baguette, elle se préparait au pire alors qu'une fumée verte lui fit lever les yeux au ciel. Lorsque Carl lui apprit qu'il s'agissait d'Arsenius, elle étouffa un cri de sa main. Dire que Damon avait souhaité qu'il lui arrive quelque chose de grave... Voldemort avait tué l'un de leur collègue. Cela aurait pu être n'importe lequel d'entre eux ! Et s'il était encore là tapis dans l'ombre ? Dans quel monde vivait-on pour se jouer de la vie des gens ? Dumbledore avait été assassiné par ce clan qui agissait en secret et à couvert. A présent ce Lord Voldemort répliquait de la même manière pour défendre ses propres actes. Quelle était cette folie ? Que faisait l'Ordre devant cela ? Lorsqu'elle avait rejoint les Phénix, elle avait cru se joindre aux courageux, à des battants. Mais il n'en était rien. Ils restaient passifs alors que des tueries se déroulaient devant leurs yeux. Instinctivement, l'ainée des McKinnon chercha sa sœur, l'instinct de survie de sa propre chair refaisant surface. Si seulement cet idiot de Mike l'avait écouté ! Il pourrait prendre soin de leur soeur. A l'heure qu'il était il devait être en train de s'amuser dans un bar. Elle allait le tuer d'avoir été aussi insolent. La jeune femme était simplement en train de céder à la panique. Ses pensées devenaient de plus en plus confuses et elle se rendit compte qu'elle ne savait pas comment agir... Bien vite heureusement les paroles de Carl jaillirent dans son esprit. Elle ne chercha pas bien longtemps et hocha simplement la tête se retrouvant alors à s'occuper des deux enfants de Samuels. En proie au désespoir de ces gamins qui venaient de voir leur père coupé en morceaux devant eux. Quant à leur mère, elle s'était évanouie sous le terrible choc. Avec l'aide de Becka, les deux jeunes femmes emmenèrent la famille d'Arsenius à l’abri. Marilyn se promit intérieurement de plus jamais rester passive. Il fallait agir. Qu'est-ce qui était le pire ? Ce clan mystérieux qui montrait les faiblesses des Phénix ? L'Ordre qui semblait complètement dépassé ? Ou ce Lord qui se prenait pour la Mort en personne ? Parfois, il fallait se montrer radical pour amener le monde à briller... Marilyn en prenait pleinement conscience ce soir.