When I was younger, so much you younger than today, I never needed anybody's help in any way. But now these days are gone, I'm not so self assured. Now I find I've changed my mind and I opened up the doors. Help me if you can, I'm feeling down. And I do appreciate you being round. Won't you please, please help me ! And now my life has changed in oh so many ways, my independence seems to vanish in the haze. But every now and then I feel so insecure, I know that I just need you like I've never done before.
Tu te retournes doucement sur ton matelas miteux. Les os de tes côtes amaigries rencontrent les ressorts bosselés et grinçants. Tu grimaces. Les jours passent, et pourtant, tu ne t'habitues toujours pas au sommier rudimentaire sur lequel tu as élu domicile. Tu tuerais n'importe qui pour un matelas ferme qui supporterait ton poids sans difficulté, plutôt que d'enfoncer ton corps dans le sol. Tu rabats ta maigre couverture sur tes épaules, mais cela ne change rien, il fait toujours aussi froid. Tu n'as plus que la peau sur les os, toi qui n'était à la base déjà pas bien épaisse. Tu sais que tu n'arriveras pas à te rendormir. Pourtant, tu restes allongée. De toute manière, que pourrais-tu faire de plus ? Ta baguette te manque. Les cours te manquent. Dorea te manque. Les autres élèves te manquent. Tu ferais n'importe quoi pour revoir n'importe lequel d'entre eux, rien qu'une minute, rien qu'une seule seconde, pour te rappeler les souvenirs heureux que tu as construits à Poudlard, au fil des sept années que tu avais passées entre ses murs. Même si tu effacerais sans aucune hésitation les derniers mois. La douleur, les batailles, les morts, la guerre. Tu n'avais pas envie de songer à cela, car penser à cela, c'était s'affliger de la souffrance, une peine gratuite, que tu n'avais plus envie de ressentir. Au jour d'aujourd'hui, tu es désemparée, désœuvrée. Tu ne sais plus sur qui compter, tu ne sais plus quoi faire. Soudainement tu te lèves, tu te diriges vers le lavabo et ouvres le robinet. Un mince filet d'eau légèrement jaunâtre en sort, et tu t'asperges tout de même le visage avec. Tu ne peux plus te permettre de faire la difficile. Il est loin le temps des bains chauds et parfumés dans la salle de bains des préfets... Tu ne prends même pas le temps de te laver tous les jours. Tu n'as plus ce luxe. Et de toute manière, où irais-tu ? Tu squattes les douches d'un camping avoisinant la plaine londonienne plusieurs fois par semaine. Du moins, tu essaies. Se faire discret est beaucoup plus ardu que tu ne l'aurais pensé à la base.
Le visage mouillé, tu te redresses et t'observes dans le miroir. Tu ne reconnais plus la jeune fille qui soutient ton regard dans la glace. La pauvresse n'est plus qu'un sac d'os. Seul signe de vie, les yeux verts emeraude qui brillent au milieu de ton visage émacié. Tes clavicules ressortent d'une manière que tu trouves abjecte, ta peau est pâle. Livide, tu regrettes presque le temps où tu empruntais du maquillage à tes camarades de dortoir. Tu ne t'attardes pas sur ton reflet que tu préfères éviter depuis plusieurs semaines. Ton ventre gargouille bruyamment et ton estomac se serre. Tu as faim. Vulgairement, tu pourrais même dire que tu crèves la dalle. Tu tentes de te souvenir de ton dernier véritable repas. Quand as-tu mangé correctement pour la dernière fois ? Quand as-tu pu t'asseoir derrière une table et manger avec une fourchette et un couteau ? Bien trop longtemps. Tellement longtemps que tu ne t'en souviens plus. Cela fait des jours et des jours que tu te contentes de voler ce que tu peux trouver. Des sandwich sur des marchés moldus, quelques restes jetés quasiment aux ordures. Récemment tu as trouvé quelques conserves que tu gardes précieusement. Pour le jour où ça deviendra plus dur. Cette réalité te submerge tout à coup, et tu t'effondres au sol, en pleurs. Des larmes coulent rapidement sur tes joues blanches, et tu ne cherches pas à les arrêter. Tu ne veux pas que cela devienne plus dur. Il faut que tu trouves quelque chose. Quelqu'un. Quelqu'un qui pourrait t'aider à t'en sortir. Quelqu'un qui pourrait te cacher. Nombres de fois tu as trituré tes neurones à la recherche de cette fameuse personne qui pourrait t'aider. Malheureusement, tu ne l'as pas encore trouvé. Bien entendu, tu as songé à quelques anciens camarades, des amis, de la famille. Mais les contacter serait leur faire prendre un danger. Tu ne veux pas que qui que ce soit risque sa vie pour toi. Autant mourir. Pourtant, tu veux tout de même essayer. Car tu n'en peux plus. Plus de cette vie. Mais il n'y aurait que toi, tu resterais comme cela. Il y a seulement une chose que tu ne peux supporter : ne pas savoir où Dorea se trouve. Tu as bien essayé de la contacter, mais tes hiboux se sont perdus ou ont été intercepté, ou alors elle ne les a jamais reçu. Quoi qu'il en soit, jour après jour, ton angoisse grandit. Ne pas avoir de ses nouvelles, c'est pour toi comme t'enfoncer un pieu dans le cœur, et appuyer dessus un petit peu plus chaque jour, pour garder la plaie à vif et t'empêcher de te reconstruire. Tu as besoin de savoir qu'elle est en vie. Un besoin fondamental.
Soudainement, un visage s'impose à toi. Charles. Tu secoues la tête. Tu ne peux demander de l'aide au Serdaigle. Tu baisses les yeux vers le sol, la culpabilité dans le regard, même si personne ne peut te voir. Vous vous êtes quittés en de mauvais termes. Néanmoins, tu le sais, Charles est bon, et il t'aidera comme il le peut,
s'il le peut, mettant vos différends de côté, en souvenir de votre ancienne amitié, mais aussi surtout parce qu'il est comme ça. Tu attrapes un bout de parchemin et commences à écrire.
Charles,
Tu t'arrêtes. Qu'écrire ? Comment en dire assez sans pour autant en dire trop ? Comment lui faire comprendre que tu es l'expéditrice du courrier ? Tu dodelines de la tête. Signer est inutile. Tu le sais, Charles reconnaîtra ton écriture entre mille. Vous aviez si souvent travaillé ensemble autrefois. Il connaissait fort bien les courbes et les arrondis de ton écriture. Ça, ce n'était pas véritablement un problème.
C'est moi. Je vais bien.
Ces mots si simples te semblent si dérisoires à écrire. Néanmoins, tu les couches sur le papier, sans doute il aimerait le savoir. Après tout, être fugitive est dangereux...
Aussi bien que je puisse aller bien sûr. Dis moi, je n'arrive pas à contacter la jeune fille qui a tenté de m'apprendre à monter sur un balai en cinquième année, sans véritable succès. Vois-tu, finalement, j'aimerai bien retenter l'expérience et prendre également de ses nouvelles.
De nouveau, tu lèves la plume du parchemin. Tu es certaine que Charles comprendra l'allusion. Toutes les personnes qui te fréquentaient avaient au moins une fois entendue Dorea crier à qui voulait bien l'écouter que Madame l'intello, Madame la petite préfète de l'école, n'arrivait pas à tenir plus de dix secondes sur un balai. L'essai avait été bien peu concluant, d'ailleurs, tu t'en étais sortie avec quelques os cassés, réparés bien entendu très rapidement par l'infirmière. Charles est l'un des garçons les plus intelligents que tu connaisses. Il saura. Pour la suite, tu ne sais pas quoi écrire. Les courriers sont surveillés, les fugitifs sont activement recherchés. Parler par lettres sera trop compliqué. Tu demandes alors :
Peut-être en as-tu plus que moi ? Si tu veux, je serai au Parc auquel nous avions été une fois l'été de nos 16 ans. J'y serai tous les soirs vers 19h. Je ne me souviens plus du nom exact, je suis certaine que tu t'en souviens mieux que moi.
Cela avait été un joli souvenir. Un bon moment qui te paraît maintenant tellement lointain. Le parc en question se situe à Enfiel, pas très loin de Londres, où une de tes tantes habitaient il y a trois ans. Tu avais proposé à Charles de t'y retrouver en juillet. Le jardin possédait de somptueuses fleurs à l'époque, tu te demandes si c'est encore le cas aujourd'hui.
Si tu ne peux pas, ne t'en fais pas. Ça ira, je me débrouillerai. Prends soin de toi.
Tu plies la lettre en quatre. Comme si tu avais le luxe de te payer une enveloppe... Tu écris le nom de Charles Diggory sur le devant et réfléchis. Où allais-tu pouvoir trouver un hibou ? Tu ne prends pas la peine de sortir de l'immeuble dans lequel tu « résides », tu transplanes directement de ta « chambre ». Pour trouver un hibou, il faudra prendre un risque. Aller une fois de plus du côté sorcier, mettre ta vie en danger. Mais ta vie ne valait plus grand chose sans les nouvelles des gens auxquelles tu tenais. Il fait encore nuit. Il est très tôt. Il y a peu de monde dans les ruelles. Tu plisses des yeux et tu scrutes les environs. Des yeux blancs semblent te fixer et tu soupires, soulagée. Tu t'avances vers le hibou perché sur un muret. Il est sale et vieux. Mais tu ne peux faire la difficile. Tu lui murmures :
« J'ai un courrier pour toi. Tu peux me le prendre ? ». En signe d'acquiescement, le hibou tend la patte. Tu accroches comme tu peux la lettre et à peine as-tu le temps de reculer qu'il s'envole déjà. Aussitôt, tu retransplanes. Hors de question de retourner dans le bâtiment. Tu te retrouves dirrectement à Enfiel. Tu vas attendre. Toute la journée. Tu espères qu'il viendra. Tu l'espères vraiment. Tu ignores si Charles va venir, tu ignores même s'il va recevoir la lettre. Mais au moins, tu n'auras aucun regret, tu auras essayé. C'est ce que tu te dis.
- Spoiler:
VOILAAAAAAAA
J'espère que cela ira ?
Ma couleur, c'est
darksalmon
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