Valentina et Lux
   
   

Les jambes de Lux étaient soudainement trop lourdes pour porter son corps. L’impression insaisissable qu’elle n’allait plus jamais bouger de là où elle était. Le souffle court, des mèches s’étaient échappées de sa queue de cheval. Une expression soulagée se dessina sur son visage alors que le professeur de botanique annonça la fin du cours. Les élèves étaient pour la plupart recouverts de terre et la Serpentard ne faisait pas exception à la règle. Ils trainaient lentement leurs carcasse suite à un combat acharné avec une plante qu’il avait fallu dépoter avant de la planter ailleurs. Afin qu’elle s’épanouisse davantage. Autant l’avouer, la petite Lumière n’avait pas saisi l’intérêt d’entretenir un tel monstre qui dans un premier temps avait tenté de la mordre et dans un deuxième, avait pris ses racines pour des phalanges afin de l’étrangler. La fatigue l’avait enrôlée. Etreinte intense qui la trainait dans les décombres d’une migraine. L’heure du repas n’allait pas tarder mais se présenter dans la grande salle dans cet état n’était pas dans ses projets. Ni dans ceux de ces camarades qui regagnaient tous leurs dortoirs avec un seul objectif en tête : récupérer des vêtements propres et aller se décrasser. L’eau semblait avoir un effet salvateur, agréablement réparateur. Comme si les gouttes une à une nettoyaient la moindre trace de tout pêché. Le cheveux encore humide, Lux les attacha en un chignon désuet avant de revêtir son uniforme. Ne se souciant guère de ne pas porter de maquillage, elle abandonna ses affaires sales dans la panière à linge et se dirigea d’un pas lent vers le repas qui l’attendait.

Trouvant une place libre en face de Kaloyan, la jeune femme s’y installa silencieusement. Ils échangent quelques mots, sourires aux lèvres, avant de porter leur attention sur leur assiette. La fourchette de Lux pique quelques morceaux de viande avant de se sentir soudainement mal à l’aise. Même si elle fait de son mieux pour l’ignorer lorsqu’ils ne sont pas ensemble, son regard perçant semble toujours omniprésent. Elle détourna doucement le visage et soupira. Si elle croisa ses yeux, elle fit mine de l’ignorer superbement. Elle reposa néanmoins sa fourchette son appétit soudainement envolé. Elle tritura un morceau de pain quelques instant avant d’en prendre quelques bouchées histoire de ne pas rester l’estomac vide. Nox qui était un peu plus loin avec des amis à lui, passa derrière elle déposa une main douce et protectrice sur son épaule lui signalant qu’il retournait à la salle commune. Geste anodin qui la gêna presque alors qu’elle se savait observée par le Dolohov. Cela eut pour effet de couper définitivement son appétit. Au bout de quelques minutes, Lux relâcha les morceaux de pain qu’elle avait voulu porter à ses lèvres et indiqua à son compagnon de fortune qu’elle quittait la table. En quelques enjambées, elle avait traversé la salle afin de la quitter. Elle voulait retrouver Nox. Nox et ses bras protecteur. Nox et son odeur envoutante. Cette odeur si apaisante. Son frère. Sa moitié. Peut-être plus tard. A couvert des yeux curieux. A l’écart de leur père ou des maitres chanteurs tel Dolohov. Ses pas bifurquèrent sans réellement y réfléchir prenant la direction des toilettes. Le couvre-feu n’était pas encore sonné et même si c’était une notion qui lui échappait souvent, elle avait décidé de se faire discrète depuis qu’elle avait rencontré Carl Londubat dans les couloirs. Cela aurait pu être n’importe lequel des membres du Conseil. Le destin avait misé sur lui évinçant une accolade brutale avec son père.

Perdue dans ses pensées, imaginant avec quelle douceur, propre au Yaxley, son père l’aurait accueillie en pleine nuit, elle ne réalisa pas qu’une personne sortait des toilettes alors qu’elle même y rentrait. « Je suis désolé, Yaxley. Je ne t'avais pas vue. » Les prunelles claires de Lux s’attardent sur sa nouvelle interlocutrice. La soeur de Demitri. Une inconnue dans le bataillon des fraîches sang-purs. Un nom parmi d’autres. C’est ainsi qu’elles se connaissent sans avoir jamais pris la peine de faire connaissance. Elles sont pourtant de la même année. Elle est dans la même maison que Melinda et pourtant elles n’ont jamais cherché plus loin. Relation froide au point que spontanément Valentina l’a appelé par son nom de famille. Elles n’étaient que ça. Des noms qu’elles seraient vouées à perdre un jour. « C’est rien, je ne regardais pas non plus où j’allais. » Lux se détourna de la porte lui laissant le champ libre pour sortir de cet endroit. Elles n’avaient jamais pris la peine de se parler. Alors pourquoi commencer ce soir. Lux commença à pousser l’une des portes des cabines. « Je suis sûre que tu me pardonneras mon intrusion dans ta vie privée surtout si cela vient d'une bonne attention. Nous ne nous connaissons pas. Mais tu connais mon frère, Dimitri. » Lux se retourne lentement alors qu’elle pensait se retrouver seule. Les yeux de la Vipère s’installèrent dans ceux de l’Aiglonne avec aisance. Elle n’a rien à répondre. Elle sait que Valentina n’a pas terminé de parler. Elle se demande d’ailleurs ce qu’elle veut. Est-elle au courant ? Lui a-t-il dit ce qu’il savait sur elle ? Tiendra-t-elle sa langue ? Va-t-elle rentrer dans le même jeu que lui ? Tant de questions qui s’entrechoquent dans la cervelle de la Lumière sans pourtant ne rien laisser paraître. « Qu'est ce qui te lie à lui exactement ? » La main de Lux glisse lentement le long de la porte en bois délaissant un instant la cabine. Donc elle ne sait rien. Alors pourquoi cette question ? Jalousie fraternelle. « Si ta question sous-entend est-ce que tu partages ses draps, c’est non. » Lux croise doucement ses bras sur son ventre et fait quelques pas en direction de l’Aiglonne. Elle marque un silence tout en scrutant la jeune femme. Elle ne comprend pas le sens de sa question. Est-ce qu’elle surveille de loin son frère ? De ce qu’elle avait cru comprendre, les deux Dolohov étaient plutôt en conflit. « Et si ça peut te rassurer je ne suis pas prétendante au nom Dolohov. » Ca serait mal la connaitre de croire une telle chose, elle si fière de sa liberté. Pour une fois que son père ne l’avait pas piéger quelque part. Pas sur ce point. S’il fallait donner le change, être sérieuse, il n’avait pas, encore, décidé de son avenir marital. « On se fréquente juste de temps en temps. Comme des gens de la même maison. » Mensonge. Pur mensonge. Mais s’il n’en avait même pas parlé à sa chaire, ce n’était pas elle qui le ferait. Personne ne devait savoir si elle voulait garder son secret intact. Il avait été clair sur ce point. Alors si sa soeur n’était pas dans la combine, ce n’est pas elle qui la ferait y rentrer. Un léger sourire ourla les lèvres de la brune. « Fais-tu partie de ces soeurs jalouses et prospectrices ? » Lux s’appuya nonchalamment contre le mur ne quittant pas la brune des yeux. Elle voulait comprendre pourquoi elle lui posait ce genre de question. Avant qu’elle ne réponde, elle ajouta : « Si tu t’inquiètes pour les filles qui tournent autour de lui, méfie-toi plutôt d’Euxane. Je l’ai entendu dans le dortoir dire qu’elle cherchait à mettre le grappin dessus. » Chose qui amuserait drôlement Lux. S’il se retrouvait au bras de cette française, cela aurait peut-être le mérite de le détourner d’elle et de ses petits jeux ridicules. Elle serait assez perfide pour se glisser dans son lit pour perdre sa précieuse virginité pour mieux le mettre dans ses filets. Cette fille avait bien des défauts mais elle était tenace lorsqu’elle avait une idée en tête. Silencieusement, Lux continue d’observer son interlocutrice attendant de mieux comprendre. Elle prend son temps et ne veut rien laisser paraitre. Ne pas se trahir. Garder son secret en sécurité.

Valentina et Lux
   
   

Etrange conversation au creux de l’écho des sanitaires du Château. Cliché parfait pour une discussion improvisée entre filles. La Lumière dévisagea un instant celle qui se pavanait telle une princesse dans les couloirs de l’école trainant assez régulièrement Nox à ses côtés. Entre elles, cela n’avait jamais marché. Enfant, Lux était bien trop occupée à courir avec Dorea pour se soucier des bienséances tel Nox pouvait le faire. Valentina et Demitri lui renvoyaient une image trop guindée qui ne l’avait jamais divertie. Non, bien sûr que non. Les bagarres avec sa cousine était bien plus amusantes que de prendre le thé avec eux. Loin de se douter qu’elle devrait lui prêter son frère à défaut du sien. Et pourtant, elle pensait comprendre ses craintes et répondait avec tranquillité à ses questions indiscrètes. Bien qu’elle fasse fausse route sur les idées qui se glissaient dans les méandres de l’Aiglonne qui se dressait face à elle. Sans le savoir, elles étaient si semblable toutes deux éprises d’une liberté qu’on ne leur accorderait jamais. « - Tu ne ferais pas une bonne Dolohov.» Lux hausse un sourcil intrigué. La remarque pourrait être piquante, dédaigneuse voir insultante mais le sourire qui s’est dessiné sur les lèvres de Valentina était tout autre. Tandis qu’un petit rire s’échappait de ses lèvres, elle ne put s’empêcher de penser que Valentina ferait une parfaite Yaxley. Bien mieux qu’elle ne le ferait jamais. Le patriarche ne voyait sûrement en elle qu’une pièce bonne à marier, à tisser des liens. Il semblait moins rude avec elle en comparaison du traitement qu’il infligeait à ses frères. Et pourtant depuis peu son regard se faisait oppressant. Depuis qu’il était à Poudlard, le moindre faux pas de Lux était analysé. Il lui renvoyait à la figure tous les défauts qu’elle accumulait. Toutes les folies qu’elle entreprenait. Il resserrait l’étau autour d’elle pour mieux la façonner, pour mieux la vendre. Lux le savait et perdait pied. Cela ne l’empêchait pourtant pas de dérailler toujours plus… « Je vais prendre ça comme un compliment. »« - Je m’enquiers juste de tes motivations...Tu n'est pas comme les greluches de d'habitude. Peut être qu'il y a une part de vrai dans ce que tu dis…» Cette fois-ci, Lux ne put s’empêcher de rire franchement. Ses motivations. « Est-ce que je te demande les tiennes alors que tu passes la plupart de ton temps avec Nox ? Mais c’est gentil de ne pas me prendre pour une greluche. » Elle avait répondu du tac au tac s’agaçant lentement, malgré elle, de l’intrusion de Valentina. Elle ne parvenait pas à comprendre.« - Est-ce que j'ai réellement l'air jalouse et prospectrice ? Loin de moi l'idée d'apparaître aussi négative à ton égard. Je suis juste prudente. Je connais mon frère mieux que personne, je sais de quoi il est capable. Et j'ai un étrange pressentiment à ton propos. » Le regard de la Vipère s’attarda alors avec un intérêt non fin sur Valentina. Elles semblent presque oublier le lieu qui les entoure embrigadées dans un échange de paroles vétustes. Paroles dont le vrai sens est à moitié avoué à demi-mot. Les voiles de la fierté féminine empêchent de se découvrir avec facilité. Une image renversée par le miroir. Voila ce qu’elles étaient. Si semblable sans le voir. Tant de points communs qu’elles auraient pu découvrir si les préjugés de l’une et de l’autre ne leur brouillaient pas la vue. Jouer carte sur table ou presque. Cela faisait parti des règles du poker de bluffer. Lux ne connaissait rien de Demitri. Loin d’elle passaient les raisons de son emprise sur sa personne. Cela faisait quelques semaines que cela avait commencé. Un simple marché. Plus le temps filait entre leurs doigts, plus elle se brulait au danger qu’il représentait sans jamais saisir de quoi Il se délectait. Pourquoi elle ? Et Valentina semblait se poser exactement la même question. Lux soupesait les mots qui allaient franchir la barrière de ses lèvres. Comment trouver un équilibre parfait, afficher une neutralité ? Même lorsqu’il n’était pas présent, il la foutait dans la merde. Connard « - Tu m'intrigues, Lux. »  dit t-elle pensivement. «  Pourquoi feindre de ne pas être aussi proche de Demitri, quand tout porte à croire le contraire ? Si les ragots ont pu venir jusqu'à moi, ils sont aussi à la portée de la table des professeurs. » Son coeur rata un battement. Les mots qu’elle venait de prononcer ricochaient dans les méandres nébuleuses de son esprit tentant tant bien que mal de remettre en place les pièces d’un puzzle dont il semblait manquer pleins de morceaux. « - Je ne souhaiterais pas être à ta place. A cause de vulgaires bruits de couloirs, tu deviendrais postulante malgré toi au nom Dolohov. Tu as déjà entendue parler de ces prestigieuses familles qui unissent leurs enfant avant même qu'ils aient quittés Poudlard ? » Lux leva les yeux au ciel devant ces absurdités. Bien sûr, des familles comme les leurs avaient ce genre d’habitudes moyenâgeuses. Même les moldus étaient bien plus évolués qu’eux à ce sujet, c’était pour dire. D’un geste las, Lux pencha doucement la tête sur le côté, son air intrigué ne la quittait pas depuis tout à l’heure. Elle préfèrait se cacher derrière celui-ci plutôt que de semer le doute. Elles ne sont pas amies alors pourquoi semble-t-elle vouloir la mettre en garde ? « - Je ne suis pas ton ennemie, et même si mon comportement peut paraître étrange, je me soucie de ton bien être. Surtout si une alliance est prévue, comme je l'ai entendue dire, entre nos deux familles. Cette union n'a pas l'air de te réjouir. Et je veux juste quérir ton avis sur la situation. Comment envisages-tu la suite ?  » Trop d’informations à digérer. Lux ne parvint plus à suivre celle qui se trouvait en face d’elle. Les propos qu’elle tenait au sujet des rumeurs et maintenant elle lui avouait se soucier de sa petite personne ? Pour sûr son attitude était étrange. Illogique aux yeux de la Serpentard. La suite ? De quoi parlait-elle ? « Je n’arrive pas à te suivre Valentina. » Son prénom claqua doucement sur sa langue. C’était peut-être bien la première fois qu’elle le prononçait. Ses yeux l’épiaient tout comme elle le faisait. Les deux jeunes filles qu’elles étaient semblait avancer sur un terrain miné tentant avec agilité d’essuyer les revers et d’éviter les bombes cachées de part et d’autre. A dire vrai Lux n’avait pas eu vent des bruits de couloirs qu’elle mentionnait mais elle ne remettait pas sa parole en doute. Une main invisible la poussait presque à lui faire confiance. Après tout, si Nox la jugeait digne devait-elle remettre en cause son jugement ? Trop de questions se bousculaient à la ribambelle qui se formait devant la Yaxley. Valentina ne savait rien du pacte. Elle n’était pas son amie. Pourquoi se soucier d’elle ? Etait-ce simplement par ‘courtoisie’ ? Etait-ce pour agir avant que les frasques de Lux unissent d’une quelconque façon leur famille ? Voulait-elle empêcher cela dans l’intérêt de Demitri, du sien, de celui de Lux ? La Lumière n’allait pas se donner la peine d’énumérer tout cela. La Lumière s'adoucit tout de même. « Si ce que tu dis est vrai, alors tu devrais être inquiète pour toi, non ? Si mon père est assez idiot pour vouloir me marier avec ton frère parce qu’il me voit assise à ses côtés, que ferait-il en te voyant rire chaque jours à côté de Nox ? » Elle laissa sa question en suspend. Damon était impulsif. C’était peut-être en cela qu’il était un grand danger. Il avait toujours forcé ses enfants à la bien séance en compagnie d’autres enfants sang-pur. S’il n’avait que rarement parlé de fiançailles, les paroles de la jolie brune se répétaient pourtant dans la tête de Lux. « A ce jeu là, les rumeurs disent que j’ai couché à Kaloyan. Un Gregorovitch tu imagines ? Vraiment, mon père est un crétin mais s’il avait voulu marier qui que ce soit en se basant sur des rumeurs, ce serait déjà fait. » Lux se demanda un instant si elle cherchait à se convaincre elle plus que Valentina. Sans prendre de gant, elle dénigrait son père devant elle se laissant aller à quelques confidences. Nox devait en faire tout autant après tout. Depuis que son terrain de jeu avait été envahi… « Je sais de quoi ton frère est capable. Je suis assez régulièrement aux premières loges partageant la même maison. J’ai entendu dire que vous ne vous entendiez pas bien non plus. Alors je te remercie pour tes avertissements. Tu peux être certaine que je ferais ce qu’il faut si cela se retourne contre moi. » Mensonge. Elle était dans la merde et ça elle le savait mais elle ne pouvait pas en parler. A personne. Elle ne put s’empêcher de lui demander. « Ce que je comprend pas, c’est pourquoi tu prends la peine de m’en parler. Cela doit te couter, non ? » Elle laissa un instant de côté la méfiance, décidant de se fier à son frère qui appréciait l’Aiglonne. Elle s’éloigna doucement du mur afin de s’approcher d’elle comme pour montrer qu’elle baissait un instant les armes prête à lui donner sa confiance, prête à comprendre ce qui la travaillait. Peut-être inconsciemment pour mieux comprendre son ainé.

Valentina et Lux
   
   

Valentina est une énigme. Les Dolohov le sont tous. Bien que Lux aurait tendance à penser que Sevastian n’est qu’une brute épaisse. L’ainée de la Serdaigle a au moins un brin d’intelligence. Malsaine et malveillante. Il ne peut leurrer son prochain et faire penser au premier badaud perdu qu’il est doté de bonnes intentions. Intelligent mais ce qui circule dans son sang est corrompu et flirte avec une folie certaine. La Serpentard ne voit que trop le reflet de Damon dans les iris du Serpentard. A croire que depuis son enfance, la Lumière a su voir au travers de leurs jeux et s’éloigner de cette famille qui semble porter malheur. Alors qu’enfants encore, ils semblaient unis avec Nox, Lux s’était déjà détourné de cette joyeuse bande bien trop ennuyeuse à son goût. « - Nox n'est qu'un ami. » Sans s’en rendre compte, la Lux ne peut se retenir de croiser les bras, agacée. Elle se fiche de savoir si son frère et elle se contentent de jouer aux échecs sorciers ou à découvrir le lit de l’autre. Etrangement, jusqu’à cet été encore, même si Lux les regardait d’un oeil mauvais, elle n’avait jamais rien eu contre les passades de son frère. Jusqu’à présent où tout semblait pourtant s’intensifier. « Il ne sera jamais qu'un ami proche. Je l'estime trop pour le voir autrement. » Un sourire étire les lèvres de Lux. Elles disent tout ça, a-t-elle envie de lui répondre. Est-ce qu’une fille normalement constituée peut se contenter d’être son amie ? Sa soeur ? Les mots ne franchissent pas la barrière de ses lèvres, pourtant elle n’en pense pas moins. Cette phrase n’aura pour écho que le silence de cet étrange lieu de rencontre. «  Les Dolohov sont insaisissables, toi qui a l'habitude de les côtoyer devrait le savoir » Un hochement de tête désabusée. La soeur ne vaut pas mieux que le frère. Ses sous-entendus finisse par agacer Lux. La Serpentard est pourtant connue pour sa patience. Elle ne sort jamais de ses gonds. Nox est souvent à l’origine de ses colères. Demitri aussi commence à mettre à rude épreuve les nerfs à fleur de peau de la jeune femme. Valentina semble sur le point d’élimer le reste. « Ce n’est pas une qualité très fiable. Surtout lorsqu’on tente d’instaurer une relation qui se veut de confiance. » Les mots sortent de ses lippes pour aller percuter la Slave qui se trouve face à elle. Lux n’est peut-être pas une personne aussi sombre que son frère, mais elle n’en est pas pour autant une idiote. Si Valentina semble vouloir attirer un sentiment de sûreté entre elles, cela est voué à l’échec avec ce type de propos. Un Dolohov sur le dos est bien assez suffisant…

Les propos de Valentina s’enchevêtrent avec parcimonie dans l’esprit de Lux. Pourquoi sont-ils si dérangeant de vérité ? Pourquoi Lux ne peut s’empêcher de penser qu’elle pourrait détenir une information qui lui échappe ? Foutaises. Encore une machination. Tandis que Lux lui demande de justifier ses propos sur les rumeurs, sur celles qui soient disant pourraient pousser Damon à la fiancer au premier venu, l’Aiglonne balaye d’un revers de main ses propos. - Ce serait de mauvais goût, même pour vous, que d'unir deux fois, deux familles dans la même génération.  Alors réfléchie un peu Lux, je suis sûre que tu as du entendre quelque chose à propos de nos deux noms unis par un potentiel mariage. » Les yeux clairs de Lux se lèvent vers le ciel. Elle ne supporte pas les sous-entendus, les petits jeux qui se cachent derrière les mots de Valentina. C’est pour cela qu’elle exècre la plupart des gens comme Eux. Jamais, elle ne ressemblera à ça. Cette phrase est emplie de dénigrement. « Même pour nous ? » relève Lux en la toisant. Qu’est-ce qu’elle sous-entendait par là ? Se croyait-elle si supérieure la petite Slave ? La petite Sang-Pur parfaite jusqu’au bout des ongles se permettait de juger les Yaxley ? Famille peut-être délurée mais ô combien respectée. Damon ne serait pas là où il est si ce n’était pas le cas. Si la Lumière ne porte pas sa famille dans son coeur, elle n’en porte pas moins leur nom. Ce n’est pas une Dolohov qui se permettra de les remettre en place. Surtout vu les rumeurs qui courraient sur leur propre nom. Impassible, Lux scrute celle qui tient devant elle froidement. Elle ne la comprends pas et cette fille est loin de vouloir être limpide. « Je ne perds pas mon temps à réfléchir sur des ragots stupides. » Ce qui ne semble pas être le cas de l’Héritière au vu de sa réaction au sujet de Kaloyan. « Et les rumeurs étaient-elles fondées ? » Lux regarda la brune avec condescendance. « Ne fais pas la même erreur que moi. Ne sous estime pas ta famille. Tu traînes déjà une réputation assez... scandaleuse. Du moins pour une Yaxley. Attribuée à une toute autre fille, ces élucubrations n'auraient pas le même importance. Les crétins aussi savent faire preuve de perspicacité. » Bien, c’était trop. La brune décroisa et lui fit signe de se taire la main. « Ecoute, je suis une personne patiente Valentina mais là je trouve que tu te mêles de choses qui ne te regardent pas. Ton jugement sur ma réputation comme tu dis, j’en ai simplement rien à faire d’accord ? » Lux n'avait pas haussé le ton, mais ces propos étaient secs. Elle ne supportait pas les leçons de morale venant de sa famille, ce n’était pas pour s’infliger celle d’une fille de son âge qui se donnait des airs de petite princesse sang-pur sous tous les angles. La cadette des Dolohov prenait un chemin épineux dardé d’embuches.  

Puis la conversation s’écoule lentement, les vices du Dolohov étaient mis à l’échafaud. Dans cet immense fumée dense qui entourait l’Aiglonne, se trouvait au milieu une sorte de conseil. Un avertissement. « - Effectivement, je ne prends pas plaisir à te dire toutes choses. J'aurais aimé que nous fassions connaissance dans d'autres circonstances. Mais je dois savoir , Lux. Il faut que tu comprennes ma position.  » Dans ce labyrinthe, Lux ne sait même plus ce qu’elle a envie de savoir. Les dédales qu’elle forme autour d’elle ont bien rapidement semé la Lumière un peu plus loin et des murs de pierres se sont dressés entre les deux jeunes femmes. Lux est agacée par ce manque d’honnêteté, par ces paroles voilées. « Mon frère et moi, sommes  -comment dire- en mauvais termes. Mais il reste mon frère, et je l'aime. En dépit de son comportement et de son caractère. Je suis garante du nom Dolohov. Au même titre que lui. Si il commet une erreur, elle impacte sur toute la lignée. Et pourtant il jouit d'un rôle que je n'aurais jamais. Tandis que je suis et ne serais, qu'une pièce échangeable. » Et alors ? Bienvenue dans le monde des sang-purs. Garante du nom des Dolohov ? C’est pour ça qu’elle lui faisait passer un interrogatoire ? Pour voir si les potins dont elle avait eu vent étaient vrais ? Savoir si Lux était digne de son précieux frère ? La main de la Slave s’avance vers elle, ouverte. « Donne-moi l'opportunité de changer ça. » Lux soupire. C’est n’importe quoi. Cette conversation part dans tous les sens, elle ne veut simplement rien dire. La Dolohov passe du coq à l’âne. Elle se montre suspicieuse puis maintenant elle voudrait former une alliance. « Je peux être ton alliée, Lux. Je n'attends rien de toi. Juste la vérité. Juste les pièces qui me permettrait d'affirmer mon emprise sur eux. » La vérité. Elle ne sait même pas au sujet du chantage qu’exerce Demitri sur elle. Ces allégations sur le mariage ne sont que des commérages qui planent, en rien confirmé. En cet instant, Lux ne voit même pas en quoi elle pourrait lui être utile. Et même si c’était vraiment le cas, elle n’en a pas envie. La Lumière reste une personne sauvage qui n’accorde pas facilement sa confiance. Celle qui se dresse devant elle est une Dolohov. Rien que son nom est un fardeau au-delà de ses paroles. « En fait, tu ne veux pas être mon alliée. Tu veux juste que je te donne des ragots croustillants pour ton émancipation personnelle.» La brune reste silencieuse afin de l’observer. Ses iris dérivent par instant sur les phalanges de la belle. Les pactes avec les Dolohov, merci bien… « Tu dis tout et son contraire Valentina. Tu aimes ton frère. Tu lui reproches d’être un homme. Tu surveilles ses arrières. Tu joues les aurors avec moi pour lui, d’ailleurs tu es limite insultante et avec un tel préambule, tu voudrais que je te serre la main pour t’aider sur je ne sais quels propos ? Contre lui ? En quoi cela pourrait m’intéresser ? »  Lorsqu’elle voit la Serdaigle retirer sa main, Lux l’attrape au niveau du poignet. « Sois honnête. Qu’est-ce que tu veux vraiment ? Arrête de jouer la carte princesse qui maitrise tout. Je comprends tes envies d’évasions. C’est pour ça que je me fiche de ma réputation. Je ne vois pas pourquoi tu te tournes vers moi aujourd’hui mais je n’aime pas que tu me juges avec arrogance alors qu’au final tu n’es pas loin d’avoir les mêmes aspirations que moi. » Sans relâcher sa main de son bras, Lux la fixe dans ses prunelles comme pour mieux la sonder mais elle reste tout aussi impénétrable qu’elle même. Lux rejette volontairement cette vérité qu’elle veut savoir. Bien sûr, elle se doute bien que le rapprochement entre Demitri et Lux est étrange. Insensé. Tous se connaissent depuis gamins. Lux ne leur a jamais prêté attention. Demitri en portait encore moins au sujet de Lux. La Vipère se souvient seulement de son frère entouré des Dolohov. Cette alliance parfaite de petits sang-purs se prenant pour les rois dans leur monde enfantin. Combien de fois s’était-elle moquée d’eux alors qu’elle était en compagnie de Dorea. En cet instant sa cousine sembla lui arracher le coeur, un sentiment de manque l’envahissant dans tout son être. Sa cousine au sang indigne selon certains lui manquait. Sa simplicité, sa franchise. Sa facilité. « Tu veux être mon allier ? Pourquoi en aurais-je besoin ? J’ai un frère à qui je donnerais ma vie les yeux fermés. Une meilleure amie à qui j’offrirais mon âme. Une cousine qui se battrait pour moi. Ne te présente pas comme un héros arrivant dans ma vie. On dirait que tu veux partir en guerre mais tu ne me dis rien clairement. Comment veux-tu qu’on t’accorde la moindre confiance dans de telles circonstances ? Je n’aime pas les énigmes. »  La main de Lux glissa dans la paume de Valentina pour lui serrer. « Sois vraie et ma main restera dans la tienne. Quand on gagne ma fidélité, elle est très forte. Sinon laisse tomber. Je n’ai jamais aimé les jeux que nos familles nous imposent. Je ne reproduirais pas ces sottises. »