La caresse du soleil sur sa peau faisait somnoler la demoiselle Terreur. Habillée de façon décontractée, avec une jupe d'un bleu pâle qui lui arrivait au-dessus du genou et un chemisier blanc ajusté à sa morphologie, la demoiselle avait remisé l'uniforme au placard le temps des vacances. Pieds nus, à jouer dans l'herbe, la blondinette avait un sourire un peu rêveur sur les lèvres. Qu'est-ce qu'elle était bien, allongée près du lac. Oubliés pour un temps, les cours et les devoirs, les soucis personnels, et ceux plus graves qui agitaient le monde magique. Les vacances étaient arrivées à point nommé, et jamais Marie-Ange ne les avaient plus savouré qu'en cette période.

Elle avait envoyé un hibou à sa mère, confirmant son intention de rester à Poudlard pendant les vacances. Elle ne voulait pas s'embrouiller à nouveau avec son oncle et sa tante. Elle souhaitait simplement profiter de ce temps libre, et se vider l'esprit. Elle refusait d'avoir une nouvelle discussion à propos de ses fréquentations. Si sa mère acceptait pleinement les actions de sa fille, et les approuvaient même, il n'en était pas de même pour son oncle et sa tante. Quand il ne s'agissait pas de Lily, ou d'une autre de ses amies née-moldue, c'était un autre sujet tout aussi épineux qui était abordé. Son oncle et sa tante voulait que Marie-Ange soit fiancée au plus vite. Pour lui faire oublier ses fréquentations douteuses, pour redorer le blason de la famille, pour se rapprocher de nouveau de la noblesse anglaise.. Bref, pour tout un tas de raisons qui, selon la blondinette, n'étaient pas valables. Elle avait cet idéal, ce prince charmant. Elle ne voulait se marier que par amour, et non par devoir. Elle refusait de se lier à quelqu'un sans ce sentiment qui, à son sens, était indispensable.

Se retournant, laissant à présent son dos prendre le soleil alors qu'elle roulait sur le ventre, la jeune étudiante soupira. Combien de temps encore son oncle et sa tante accepteraient de l'héberger si elle ne se pliait pas à leur demande ? Certes, ils ne le disaient pas comme ça. Sous cet angle, ça ressemblait à du chantage, et ils ne pouvaient décemment pas faire chanter leur famille ainsi. Mais le sens était clair pour la blondinette. Si sa mère ne parvenait pas à imaginer cette possibilité, aveuglée par l'amour qu'elle portait à son frère, la verte et argent avait l'esprit très clair, elle.

Plutôt que de réfléchir à qui elle pourrait bien épouser, elle préférait penser à ce qu'elle ferait après Poudlard. Même si sa mère la voyait encore comme son bébé, elle allait être majeur, et elle allait faire ses études de médicomage. Il lui faudrait se trouver un logement à Londres. Elle ne voulait pas qu'on lui fasse la charité, elle voulait le payer toute seule, mais pour cela, il lui faudrait trouver un petit boulot à côté, parce que l'argent de son coffre n'allait pas durer éternellement.

Toute à ses pensées d'avenir, Marie-Ange poussa un petit cri surpris quand quelque chose de froid et d'un peu gluant s'enroula autour de sa cheville nue. Son cri s'étrangla dans sa gorge quand elle fut soudainement immergée dans l'eau fraîche du lac. Avalant sans le vouloir une gorgée, elle toussa, manquant de s'étouffer. Luttant avec l'énergie du désespoir, elle réussit à refaire surface un instant, pour reprendre son souffle. La chose qui s'était enroulée autour de sa cheville y était toujours, et tirait pour la faire glisser à nouveau sous l'eau. Avant d'être immergée de nouveau, elle eut le temps de prendre une grande inspiration.

Et l'eau froide recouvra à nouveau tout son corps. Ouvrant les yeux, elle tenta de voir quelque chose dans le fond obscur du lac. Ce qui était accroché à sa cheville ressemblait à une tentacule. La présence du Calamar géant revint alors à l'esprit de la blondinette. Résistant à l'envie de soupirer de dépit, ou de crier de frayeur, elle eut la bonne idée de sortir sa baguette de son décolleté. Fort heureusement pour elle, elle la gardait toujours près de son corps.

Un peu plus loin, son regard avisa une autre jeune fille, elle aussi prise au piège du mollusque géant. Battant des bras, elle essaya de remonter à la surface pour reprendre son souffle, s'épuisant ainsi encore plus vite. Malgré tout, elle réussit à reprendre une bouffée d'air frais. Elle voulut jeter un sortilège sur le tentacule qui la retenait prisonnière. Mais les sortilèges informulés, ce n'était pas son fort. Elle travaillait pour s'améliorer, mais elle ne les réussissait pas à chaque fois. Elle songea alors à ce sortilège qu'ils avaient vus en cours, plutôt dans l'année. Le sortilège de Têtenbulle. Prenant son courage à deux mains, elle essaya de s'appliquer ce sort.



Oui -- Oui ; Le sortilège marche impeccablement, Marie-Ange peut à présent respirer sous l'eau et prononcer ses sortilèges.
Oui -- Non ; Le sortilège marche à moitié, pour un temps donné. De quoi reprendre son souffle et réessayer.
Non -- Oui ; Le sortilège marche à moitié, mais le temps pour récupérer son souffle et relancer le sortilège est très court, Marie-Ange a intérêt de faire vite.
Non -- Non ; Complètement raté. Marie-Ange manque de s'étouffer et doit remonter à la surface reprendre de l'air.



Une bulle d'air se forme autour du visage de la blondinette. Mais la bulle est fragile, et ne va pas tenir longtemps. Il faudrait qu'elle relance le sort au plus vite. Son regard est toutefois attiré par sa compagne d'infortune, et elle tente d'attirer son attention avant de relancer le sort.

Les yeux écarquillés, la blondinette réussit à attirer l'attention de sa compagne d'infortune. Avec un sourire encourageant, Marie-Ange relança le sortilège de Têtenbulle, réussissant cette fois à le former correctement. Elle put donc respirer presque normalement, et en profita pour lancer un sortilège cuisant sur le mollusque géant qui la retenait toujours. Il la lâcha, quand l'éclair rouge frappa le tentacule qui la retenait prisonnière, et la blonde se dégagea rapidement. Elle nagea, avec détermination, vers la blonde qui était aussi emprisonnée. Elle n'aurait pas pu la laisser là, à se débrouiller. Même si elle ne la connaissait pas, elle ne pouvait pas laisser quelqu'un tomber. D'un geste souple, la couleuvre murmura un autre sortilège cuisant, prenant garde à ne pas viser sa compagne. Le tentacule la libéra aussitôt, et Marie-Ange attrapa la jeune femme par un bras, se collant dans son dos, pour l'aider à remonter. Elle battait férocement des pieds pour aller plus vite, et au terme d'un instant qui lui paru horriblement long, elles émergèrent enfin à la surface.

Le sortilège de Têtenbulle s'évanouit alors, et la serpentard nagea jusqu'à la rive avec la blonde. Elles s'échouèrent, un peu lamentablement il faut l'avouer, contre l'herbe, et se hissèrent difficilement sur le terrain du parc. Leurs vêtements trempés et alourdit n'aidaient pas vraiment, mais elle finirent saine et sauve, à reprendre leur souffle.

La Terreur darda ensuite un regard affable vers sa compagne, et éclata de rire en repensant à leur mésaventure. On lui avait toujours dit que le Calamar géant était joueur, mais elle ne l'avait jamais vu sous cet angle. Son fou rire, alimenté par le soulagement de ne pas s'être noyée, perdura encore.

« Merlin, j'ai bien cru qu'on allait pas réussir à s'en sortir ! »

Finalement, son rire se calma finalement, et la blondinette se présenta aimablement.

« Je m'appelle Marie-Ange, et toi ? »

Elle apprit ainsi que la blonde s'appelait Jocaste, et qu'elle était parmi les Poufsouffle. Elles discutèrent encore un peu, reprenant leur souffle pendant que les rayons du soleil séchaient leurs vêtements trempés. Elles plaisantèrent encore un peu, avant de prendre congé l'une de l'autre. Marie-Ange se dirigea alors vers les cachots, vers sa salle commune, pour aller se changer et se laver un peu, surtout. L'eau du lac n'était pas non plus spécialement propre.

Elle passa un long moment sous la douche, se débarrassant de la sensation des tentacules qui s'enroulaient autour de ses chevilles, qui grimpaient jusqu'à ses jambes et ses cuisses. Elle se frotta, jusqu'à être rouge, et fit ensuite son shampoing, lavant avec soin sa crinière blonde comme les blés. Quand elle ressortit de la douche, la vapeur avait envahie la salle de bain, et elle regagna tranquillement son dortoir.

Elle s'habilla, avec un jean cette fois, et un petit chemisier. Elle allait sans doute aller à la bibliothèque par la suite, pour avancer un peu ses devoirs. Ou bien irait-elle dans la Grande salle, étant donné l'heure qu'il était. Ce devait être bientôt l'heure de manger...