« L'ambition est un vice qui peut engendrer une vertu. »
The most effective way to destroy people is to deny and obliterate their own understanding of their history. L’histoire d’Euxane de Fontaine peut être assimilée à un véritable cliché sur bien des aspects. Enfin, presque. Mais avant de se plonger dans le récit de son existence, l’histoire de ce personnage ne peut être comprise qu’en effectuant un bond dans le passé et en s’intéressant au contexte familial dans lequel, le 15 février de l’année 1961, Bébé Euxane a vu le jour.
Dans une ville où la haute bourgeoisie sorcière se pavanait de réception en réception, exposant ses nouvelles acquisitions et collectionnant les elfes de maisons, il était difficile de s’intégrer. C’était un cercle restreint et privé dont les modalités d’accès étaient connues de tous : la naissance ou le mariage. Il n’y avait pas d’autres moyens d’y accéder et il n’y avait, à cette règle, aucune exception possible.
Au début du XXe siècle, une nouvelle famille sorcière étrangère débarqua à Londres, plus ambitieuse que jamais, décidée de conquérir cette ville anglaise et d’y asseoir sa présence et sa légitimité. Au début de ce XXe siècle, Alfred et Hélène de Fontaine vinrent s’installer à Londres. Fuyant scandale, trahison et autres petit soucis quotidiens de toute grande famille, ils avaient laissé la France derrière eux et avaient pris la ferme décision de commencer une nouvelle vie, dans un nouveau pays.
En utilisant fortune, ruse et esprit, ils réussirent petit à petit à enrichir leur carnet d’adresse et à faire parler d’eux. Pour le meilleur, comme pour le pire. Ils s’étaient inspirés et avaient copié les coutumes et traditions anglaises, cherchant à étendre leur influence et à intégrer de manière officielle ce cercle londonien si prisé et envié. Ils faisaient attention à leurs fréquentations, cherchaient à purifier leur sang en ne s’alliant qu’avec des sorciers (de préférence des sang-pur), ainsi que toute autre action jouant en leur faveur auprès de la communauté bourgeoise sorcière londonienne.
Mais c’était bien plus facile à dire qu’à faire. Toutefois, ce n’était ni la difficulté de la tâche, ni l’ampleur des obstacles auxquels ils avaient été confronté qui allaient pousser les de Fontaine à baisser les bras.
Cette ambition, apportée d’Europe continentale, a été transmise de génération en génération chez les de Fontaine. Dès qu’un membre de cette famille avait l’âge de formuler des pensées plus ou moins cohérentes, on lui apprenait à n’avoir qu’une idée en tête : accomplir la motivation initiale de ces arrières-arrières-arrières-grands-parents et la raison pour laquelle ils étaient venus s’installer à Londres. Un de Fontaine qui se respectait se devait d’escalader l’échelle sociale, aussi haut et aussi loin que ses jambes le lui permettaient.
Et les parents d’Euxane ne faisaient pas exception à cette règle. Albert, son papa, avait bien assimilé l’importance de ce dessein et avait clairement fait comprendre cette importance à sa femme, une sorcière dont la famille possédait une grande société immobilière et dont l’ambition égalait - si ce n'est dépassait - celle de son mari.
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«
- Saviez-vous, très chère, que les de Fontaine viennent d’avoir un nouveau né ? - J’espère, dans leur propre intérêt, que ce sera un garçon. - Il me semble que c’est une fille. Ils la nommeraient Euxane, selon mes sources. - Merlin ! Voilà une autre pauvre créature qu’ils vont chercher à marier avec tous les bons partis de Londres. - Quoi qu’il en soit, ils devraient commencer à chercher dès maintenant. De nos jours, les gentlemans se font de plus en plus en rare. D’ailleurs, étais-je la seule à remarquer l’HO-RRI-BLE tenue dans laquelle ... »
Quelques heures à peine après sa naissance, Euxane Soledad de Fontaine possédait d’ores et déjà une étiquette sur le front, une étiquette qui l’accompagnerait tout au long de sa vie. Son background familial la lui avait imposé, la société huppé londonienne l’avait affirmé et son éducation, par la suite, avait permis de la parfaire.
Ses parents voyaient les choses en grand pour elle. Ils avaient placé, au fil des années, tous leurs rêves et espoirs de grandeurs sur les épaules frêles de leur jeune fillette.
Tout au long de son enfance, Euxane avait donc reçu une éducation exemplaire, teintée de traditions anglaises, saupoudrée de culture française et espagnole, tout en étant accompagnée d’un apprentissage de bonnes manières et de savoir-vivre.
Elle était la petite princesse de sa famille. Et elle s’en était rendue compte bien assez tôt.
Mis à part cela, l’enfance de la jeune Euxane ne différait aucunement de celles des autres jeunes filles de son âge. Toutes choses égales par ailleurs, bien évidement.
Elle sautillait partout, jouer à cache-cache avec sa gouvernante, bombarder son entourage de questions fortement existentielles telles que
« Pourquoi le ciel il est bleu puis noir ? » ou encore
« Pourquoi le poisson dans le lac il a pas des pieds aussi ? », etc. Elle n’avait juste pas le droit de patauger dans la boue comme bon lui semblait ou de tenir une collection d’asticots/escargots ramassés dans le jardin.
Toutefois, année après année, on lui apprenait à canaliser son énergie, à contrôler ses émotions, à calculer à la fois ses gestes et ses mots. On lui apprenait à devenir une lady, une vraie.
Et il y prenait goût. On ne pourrait savoir si cela se justifiait par le fait qu’elle n’avait jamais rien connu d’autre ou si parce qu’elle y était prédestinait … et cela importait peu au final. Ce qui importait réellement était que, au fil du temps, Euxane devenait une de Fontaine, gracieuse et déterminée. Enfin, autant que pouvait l'être une gamine.
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C’était sans grande surprise que la jeune Euxane reçut une lettre l’informant de son inscription à Poudlard et l’invitant à rejoindre l’enceinte de l’établissement pour la rentrée de Septembre 1972.
Ces deux parents étaient sorciers. Elle baignait donc dans cet univers depuis le début de son existence. Elle avait même pu réaliser deux ou trois exploits par elle-même lorsque sa magie avait décidé de se manifester inopinément. Un jour, dans un élan de colère contre sa poupée qu’elle n’arrivait pas à asseoir correctement sur sa chaise pour son tea-time de la journée, Euxane s’emporta et lui arracha la tête. Paniquée et encore plus en colère, elle réussit à recoller la tête à son emplacement initial, dans un mouvement désespéré. On pouvait aussi parler du fameux incident de la robe de sa cousine la veille de son sixième anniversaire. Légèrement jalouse de ne pas être le centre de l’attention (pour changer d’habitude), la jolie robe de l’intéressée s’était retrouvée déchirée et complètement inutilisable. Quoi que, Merlin seul savait si c’était la magie qui était responsable de cet acte ou tout simplement une petite virée au jardin lorsque personne ne prêtait attention à elle.
Du haut de ses onze ans, quitter sa famille, son confort quotidien et sa douce routine la terrifiait. La jeune Euxane ne se sentait pas du tout prête à affronter le monde extérieur. Elle risquait de se retrouver seule, dans un endroit qu’elle connaissait à peine, loin de ce petit monde qu’elle avait passé la dernière décennie à construire autour d’elle.
Toutefois, une toute petite partie de sa personne était curieuse de découvrir ce qui l’attendait ailleurs. Son coeur ressentait un léger pincement lorsque son esprit explorait les diverses et nombreuses possibilités qui s'offrirait à elle.
C’était donc effrayée, curieuse et perturbée que la jeune Euxane Soledad de Fontaine débuta son aventure à Poudlard, la grande et très fameuse école de sorcellerie anglaise.
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Le niveau scolaire d’Euxane n’était pas exceptionnel. Elle avait des résultats acceptables certes, mais rien qui ne la démarquait du reste de ses camarades de classe. Et c’était bien plus la faute de son manque d’intérêt pour les études que par manque d’intelligence ou de rigueur.
Et qui oserait l’en blâmer ? Il y avait des activités bien plus intéressantes et passionnantes à accomplir que de rédiger un parchemin sur les conséquences d’une prise excessive de la potion d’Amnésie : attirer l’attention sur elle, se tenir au courant des derniers ragots, s’amuser en pointant son nez là ou ça ne la regardait absolument pas, travailler sur son image de jeune fille modèle et parfaite, se trouver un mari acceptable avec un bon pedigree, etc.
Par ailleurs, concernant ce sujet, ses parents avaient été très clairs. Elle se devait de trouver un époux qui lui permettrait d’atteindre un rang plus élevé dans la hiérarchie sociale. Elle devait, coûte que coûte, s’allier avec un parti ayant le sang, la bourse et l’arbre généalogique qui correspondaient aux ambitions de sa famille.
Et il n’y avait pas de meilleurs endroits pour entamer ses recherches qu’entre les murs de Poudlard. L’établissement regroupait tous les jeunes sorciers de son âge, les centralisant dans un seul endroit et permettant à la fille de trouver -éventuellement- son bonheur.
Le Choixpeau magique n’avait pas hésité longtemps avant de l’envoyer à Serpentard. Et la jeune Euxane s’était reconnue presque immédiatement dans les valeurs et principes qu’arborait cette maison. Elle s’y était créée une nouvelle routine. Avec le temps, le château était devenu sa demeure et elle avait rencontré au sein de Poudlard des personnes qui marquerait à jamais son parcours.
Surtout une, plus précisément. Elle s’était extrêmement liée d’amitié avec Valentina Dolohov. Euxane ne donnait ni sa confiance ni son amitié facilement. On lui avait appris à être méfiante, à faire attention. Mais une fois qu’un lien d’amitié s’installait, il l’était pour de vrai. Valentina était l’amie avec qui elle partageait ses secrets, ses peines, ses joies, ses craintes et ses interrogations. Elle était indissociable à sa vie à Poudlard. Et petit à petit, elle était devenue indissociable à sa vie de manière plus générale.
Du côté de sa vie sentimentale, ce n’était pas une très grande réussite. Et cela n’était pas étonnant. Euxane ne considérait pas les hommes qu’elle fréquentait comme des individus avec qui elle partagerait intimité et bons moments. Pour elle, ce n’était que des cibles, des individus qui pourraient potentiellement lui passer la bague au doigt.
Mise à part cela, Euxane menait une vie d’étudiante sorcière plus ou moins normale, perturbée par quelques évènements par-ci et par-là, des histoires de trahisons, d’amour, de pouvoir, de domination, etc. Le quotidien d’une sorcière lambda de la maison Serpentard poursuivant ses études à Poudlard.
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Les récents évènements n’avaient pas eu de réelles perturbations sur le quotidien de la jeune demoiselle. Elle se contentait d’avoir une opinion et un mot à dire sur ce qui se passait autour d’elle, en faisant bien attention de pas trop s'en mêler.
L’assassinat d’Albus Dumbledore et la mise en place d’un Conseil d’Administration n’avait affecté en aucun cas la routine de notre jeune de Fontaine. Qui et comment l’école était dirigé lui importait peu au final. Cela n’avait presque aucun impact sur ses objectifs, ses ambitions ou encore sur sa vie.
Euxane ne comprenait tout simplement pas pourquoi la possibilité qu’Albus Dumbledore n’ait pas été assassiné par quiconque n’avait jamais été envisagée. Elle n’avait pas tant que détails que ça sur cette affaire, mais Albus Dumbledore se faisait vieux à cette époque. Il ne serait pas étonnant qu’une erreur ou une maladresse de sa part soit responsable de sa propre mort.
Durant le court règne du Conseil sur Poudlard, le seul évènement fâcheux qui avait légèrement perturbé Euxane fut le bal de Noël qui s’était terminé d’une manière particulièrement … dramatique et ce pour plusieurs raisons :
1. Cela venait gâchait ce bal pour lequel Euxane s’était donné beaucoup de mal, autant pour trouver la tenue idéale qu’un cavalier convenable. 2. Elle respectait Lord Voldemort (plus par moutonisme et obligation qu’autre chose) et comprenait que ce dernier voulait jouer sur le côté dramatique. Toutefois, il n’aurait pas pu attendre le lendemain pour annoncer et revendiquer son action ?3. C’était un des deux orteils de Samuels qu’Euxane avait reçu en cadeau. Elle était franchement déçue de pas recevoir une partie plus glamour : une oreille, un doigts … Oui bon okay, cela aurait pu être un morceau d'intestin ou encore une partie de son service trois-pièces. Finalement, elle n’était tant à plaindre que ça. (Oui je sais je suis horrible, mais c’était trop tentant >.<)
Euxane fut entraînée par les évènements qui suivirent. Elle comprenait pas grand chose à vrai dire. Elle n’était renseignée que par les informations qui filtrait au sein de Poudlard et les quelques nouvelles qu'elle recevait par sa correspondance avec ses parents.
Celui-ci est mort. L’autre est assassiné. Le ministre de la magie est mort. Lord Voldemort par-ci. L’Envol des Sombrals par-là. Elle tentait tant bien que mal de suivre les évènements, qui s'enchaînaient les uns à la suite des autres.
Pendant le deuil national qui suivit l'assassinat du Premier ministre par les mains d'un Voldemort en pleine puissance, cette histoire de tatouages, de castes, de nouvel ordre perturbait la jeune demoiselle. Elle était réellement terrifiée à l'idée de se retrouver du mauvais côté de la balance. Mais son soulagement fut inconsidérablement grand lorsque la malédiction reconnue son sang comme appartenant au clan de Seth.
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C’est donc confiante qu’Euxane entame sa septième et dernière année, pour cette rentrée de Septembre 1978.
Cette année sera la bonne.