Allongé sur son lit à baldaquin aux rideaux verts couleurs de Serpentard, il regardait inlassablement le plafond. Non qu’il n’ait pas fait cela depuis plusieurs heures déjà, mais le silence omniprésent, apaisant précédent se transforma en bavardages lointains provenant de la Salle commune. Severus Rogue n’était pas allé au bal de Noël et à quoi bon.

Elle était certainement présente au bras de son chevalier : le grand Potter. James Potter et lui, ce fut toujours comme chien et chat. Dès ses premiers pas à Poudlard, James et son ami Sirius s’amusèrent à le ridiculiser. Puis, vinrent Remus et Peter. Les Maraudeurs, les quatre garçons les plus populaires de l’école. Plutôt les quatre idiots de toute l’école si on veut son avis. Et il avait peur d’eux … Les premières années. Puis, pour elle, pour sa meilleure amie, pour sa propre fierté aussi il voulut rétorquer à ces imbéciles. Plus Severus s’aliénait les Maraudeurs et plus Lily s’éloignait de lui. Peut-être était-ce le fait qu’ils étaient tous à Gryffondor comme elle et lui à Serpentard. Il se rappelle encore cet après-midi en cinquième année, devant tous, alors que les Maraudeurs le ridiculisaient. Il avait été bête … Il l’avait traité de Sang-de-Bourde. Elle voulait simplement l’aider. Sur le coup, il avait été en colère et avait perdu sa fierté : les Maraudeurs, ces idiots d’élèves observant toute la scène avec l’air ahuri d’une truite moisie au soleil depuis quinze jours. Il n’avait jamais voulu la traiter de Sang-de-Bourde. Elle ne lui a jamais pardonné. Jamais. Et elle commençait, par après, à se rapprocher dangereusement de James le laissant, lui, seul … Le bonheur en eut, apparemment, assez de lui tenir compagnie.

Severus tourna la tête pour voir entrer trois de ses compagnons de dortoir. Il ne bougea pas autrement, toutefois, ressemblant trait pour trait à une roche hormis les yeux : de véritables onyx noirs. Les Serpentard discutaient du sujet de l’heure. Un membre du Conseil d’administration de Poudlard a été assassiné durant le bal de Noël. Personne ne dormait encore chez les Serpentard à l’évidence. Severus n’ayant pas été présent au bal recevait les informations au compte-goutte. Il espérait qu’elle allait bien. Que cet imbécile de Potter avait utilisé sa tête pour la protéger. C’était beaucoup lui demander et ce pourquoi Severus s’en tracassait.

« Tout cela ne serait pas arrivé s’ils avaient laissé McGonagall comme directrice après l’assassinat de Dumbledore. Il était peut-être le meilleur Directeur, mais il est bien mort. En plus, on se serait débarrassé d’elle comme professeur de Métamorphose. »

Murmura-il pour lui-même ou pour ses colocataires ? On n’en savait rien, mais le résultat fut probablement le même. Ayant pris la radio et quelques trucs pour s’amuser, ils l’observèrent un instant avant de redescendre dans la Salle commune. Ce monde changeait et en mal. Plus il lisait la gazette et plus le Ministère semblait agir de manière stupide. Comme s’il y avait de la corruption partout. Severus voyait, ainsi, en bien l’arrivée de ce révolutionnaire qui se faisait appelé Lord Voldemort. Enfin, cette société va se débarrasser de tous ces vieux croutons du Ministère de la Magie. Les Sorciers devaient reprendre leur monde en main.

C’était bien différent avant. Peut-être parce qu’il était alors encore un enfant. Il la connaissait depuis ses six ans … Moins ? Cela faisait si longtemps. Leur relation a toujours été fusionnelle.

Severus Tobias Rogue était le fils de Tobias Rogue un Moldu intolérant et violent et d’ Eileen Prince une Sorcière qui avait eu une jeunesse brillante. Elle fit simplement le mauvais choix en épousant Tobias. Jamais il n’accepta son statut de Sorcière et encore moins chez leur enfant unique. Elle se fit violentée souvent, très souvent et c’était encore pire lorsque Tobias revenait de son travail d’ouvrier complètement saoul. Les Rogue étaient une famille pauvre et misérable de la ville de Manchester. C’était une ville du nord de l’Angleterre à la frontière avec l’Écosse. Donc, Severus passait son temps avec Lily Evans une jeune fille de son âge rousse et magnifique. Elle souriait et cela était suffisant pour le rendre heureux. C’est lui qui lui a fait part d’être une sorcière, lui qui a rendu ses parents fiers de leur cadette, lui qui se moquait de sa grande sœur Pétunia et la faisant, ainsi, toujours rire. Ok, ce n’était peut-être pas très gentil. Elle le lui rappelait sans cesse. Certes, Pétunia était idiote voilà tout. Son petit groupe d’amies à l’école primaire … Certainement ces pimbêches étaient toutes des mannequins aujourd’hui. Severus aimait encore mieux l’école que sa vie familiale. Sachez qu’il a même une cicatrice dans le dos gracieuseté de son père. C'était à ses quatre ans. Sa magie se manifesta pour la première fois pour protéger sa mère contre les coups de son père. Tobias se tenait dans le vide la tête en bas. Le petit garçon ne fut pas épargné par son père ce jour-là néanmoins. Libéré du sort, ce dernier eut vite fait de sermonner son fils. À l'école, peut-être les autres enfants se moquaient de lui et les pimbêches vues plus haut, les premières. Certes, il était avec Lily. Donc, il était heureux. Severus se rappelait encore de la sortie faite sur le Chemin de Traverse avec les parents de Lily. C’était un souvenir des plus heureux. L’air sur son visage lorsqu’elle reçut sa baguette magique ou le moment où il trébucha maladroitement et finit sa chute dans deux, trois balais du magasin de Quidditch … Ah non, ça ce n’était pas drôle finalement. En tout cas, toute la famille avait bien rigolé.

Ses yeux se remplirent soudainement d’eau à tous ces magnifiques souvenirs. Il les ferma ressentant un hoquet de tristesse. Ce fut le seul … Les larmes coulèrent le long de ses joues alors que les bavardages provenant de la Salle commune lui venaient encore aux oreilles en de sinistres bourdonnements. Aucun Serpentard ne dormira cette nuit pour sûr ni probablement aucun élève de Poudlard point. Joyeux Noël Poudlard songea-il sarcastiquement.

« J’espère que ce n’est pas une nuit de pleine lune au moins ».

Murmura-il tout bas, c’était à peine si on entendit un son. Il avait véritablement faillit rire. Oui, ce n’était pas le moment que Remus Lupin se transforme en loup-garou. Pour être franc, il semblait être le plus inoffensif des Maraudeurs, mais ce n’était qu’une façade. Oh ! Severus l’avait su s’étant fait littéralement attaqué par l’animal durant sa troisième année. Et une cicatrice de plus. Une ! Au moins sut-il le pourquoi du comment les Maraudeurs se regroupaient tous sous le saule cogneur à chaque mois. Il n’a seulement jamais digéré le fait que ce soit Potter qui lui sauva la vie. Pourquoi, à la suite de ce événement qui aurait pu faire renvoyer Remus Lupin ne dit-il rien à personne ? Pour rien … Pour … Parce que cela aurait été trop facile voilà tout. C’était mieux de les torturer avec cette menace … Cette épée de Damoclès flottant au-dessus de leurs têtes.

Il soupira. Bientôt, il sortirait de Poudlard ses ASPICS en poche. Il n’y aurait plus de Maraudeurs ni de conseil d’administration stupide ni d’assassinat le jour de Noël ni … Elle ne serait plus là non plus.

À Poudlard, depuis le premier jour ils faisaient toujours leurs devoirs ensemble. Élève intelligent lui-même, elle l’était – selon lui – bien plus. Elle aimait apprendre. Elle aimait l’écouter raconter que les manuels de Potions avaient tout faux. Severus n’avait pas su cela dès le début. Avant, il suivait les indications à la lettre … Mais il y avait toujours quelque chose, un détail, qui clochait. Même si le professeur Slughorn n’avait que des félicitations pour lui, Severus n’était pas content. Il a toujours beaucoup lu, comprit des choses depuis sa tendre enfance et inventé même un sortilège dont les premières réflexions remontaient à l’année passée. – Il devait encore peaufiner certains détails, mais bientôt il pourrait parfaitement se défendre. Gare à vous cher Maraudeurs ! – Pour retourner à nos cours de potions, ennuyé durant ses classes, - mais pas autant qu’en histoire de la magie je vous rassure -, il griffonnait beaucoup changeant une ou deux doses d’ingrédients, rectifiant certaines choses et les essayant durant ses temps libres. Avec la force des choses, Severus Rogue se demanda même si le professeur Slughorn était débile pour leur avoir passé un manuel qui avait tout faux ou bien, leur professeur voulait rester incontestablement le meilleur et donc laisser ses étudiants dans le néant total. Peu importe, Severus en était tout de même venu au résultat que chaque fabrication de potion devait être entièrement remaniée. Le Prince de Sang-Mêlé – surnom qu’il se donna lui-même évinçant, ainsi, son terrible père de l’équation -  devenait donc un as dans la fabrication de potions. Il passa évidemment ses BUSES haut la main. Certes, il était aussi doué en Défense Contre les Forces du Mal et en Sortilèges. Seule la métamorphose lui posait quelques problèmes. Il semblerait que le professeur McGonagall ne l’ait jamais vraiment porté dans son cœur. Enfin … Mais Lily l’aidait et il lui montrait ses nouvelles trouvailles en potions. C’était ça le bonheur.

Ouvrant ses yeux, humides, il ne bougea pas … Moins que précédemment même. Elle n’aimait pas son utilisation de la magie noire. Mais la magie noire ne pouvait pas faire de mal si on l’utilisait bien. Elle pouvait protéger … La protéger. Il leva son bras gauche pour observer ce tatouage provenant de l’été précédent … La Marque des Ténèbres elle-même. Le serpent sortant du crâne se mouvait lentement et il eut la nette impression qu’il semblait même le fixer de ses yeux doucereux. Severus n’avait pas peur … Il se sentait fort, puissant faisant partie des gens qui changeraient se monde.

Ce fut grâce à Rabastan Lestrange qu’il réussit, l'été passé, à entrer dans les rangs des Mangemorts. Lestrange est un ami si on peut le dire ainsi. - Plus une connaissance en fait. - Lestrange semblait bien l'aimer, pour tout dire, comme tous ses compagnons à la Marque: en tant que Mangemort. Personne n’aimait la magie noire sauf eux. Lestrange pensait, justement, trouver en lui un bon Mangemort et il avait raison. Le lieu de sa rencontre avec le Seigneur des Ténèbres fut tenue secret. Il ne pourrait même pas dire où cela ce fut fait outre que c’était sombre, vieux, rustique. On prenait toutes les précautions après tout. Non, Severus n’eut pas peur au-devant du Seigneur des Ténèbres. Ce dernier lui fit mal … Cette marque entrant dans sa peau pour ne plus jamais en ressortir. Mais il ne broncha pas. Il était un Mangemort et le serait maintenant à jamais.

Il laissa retomber son bras contre le lit. Les conversations en bas semblèrent s’être calmées. Peut-être que tous ses camarades de Serpentard étaient finalement en train de dessoûler.

Soudainement las, Severus songea à elle. Il l’aimait. Il l’aime du plus profond de son cœur. Elle était une partie de son cœur, son cœur entier. Certes, le bonheur est une chose si éphémère.